Le président italien Sergio Mattarella reçoit le 28 mai l'homme qu'il pourrait désigner comme président du conseil des ministres : Carlo Cottarelli, ancien responsable du FMI. Un choix qui a provoqué la colère de la coalition formée par les antisystèmes du Mouvement 5 étoiles (M5S) et les anti-immigration de la Ligue. Ces formations politiques n'ont en effet pas tardé à fustiger la décision du président italien qui la veille, avait refusé la liste gouvernementale proposée par Giuseppe Conte, en raison de la présence d'un ministre eurosceptique.
Il est inutile d'aller voter
Si Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles, a déclaré vouloir la destitution du président, il a par ailleurs exprimé sa colère en ces termes : «Disons-le clairement qu'il est inutile d'aller voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies financier et bancaire qui les font. Toujours les mêmes.»
De son côté, le leader de la Ligue, Matteo Salvini, a déploré une «occupation financière» de son pays : «L'Italie n'est pas un pays libre, c'est un pays occupé financièrement [...] par les Allemands, par les Français et par les bureaucrates de Bruxelles.»
Face au danger eurosceptique : «Monsieur Ciseaux» ?
Alors qu'il invoquait ouvertement l'euroscepticisme du potentiel futur ministre des Finances pour justifier son objection à la liste gouvernementale proposée par Giuseppe Conte, le président italien a donc décidé de rencontrer Carlo Cottarelli, connu pour avoir mené une politique d'austérité sous le gouvernement d'Enrico Letta en 2013. Carlo Cottarelli avait ainsi hérité des surnoms «Monsieur Ciseaux» ou «Monsieur Austérité» après avoir été aux manettes de la révision de la dépense publique italienne à cette époque.
Ancien haut responsable au FMI où il représentait l'Italie, la Grèce et Malte, il a quitté ses fonctions en 2017 pour devenir directeur de l'observatoire italien des comptes publics. Il s'affiche aujourd'hui comme un fervent opposant au protectionnisme économique, prôné, entre autres dans le contrat gouvernemental de la coalition. Le 24 mai 2018, il fustige ainsi l'orientation économique du mouvement 5 étoiles et de la Ligue dans Les Echos : «On n'a jamais vu la réussite d'une telle politique dans aucun pays au monde.»
Un tel choix devrait rassurer le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui s'inquiétait de «la stabilité financière de la zone euro» en raison de l'orientation économique annoncée par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles.