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Italie : face à l'intransigeance du président sur l'euro, Conte renonce à être Premier ministre

Le président italien a refusé de valider le nom d'un ministre eurosceptique. Giuseppe Conte, désigné président du Conseil des ministres et qui espérait imposer son équipe, a donc décidé de renoncer à son poste.

Alors que les élections générales italiennes ont eu lieu le 4 mars, l'Italie n'a toujours pas de gouvernement. Le 27 mai, Giuseppe Conte a renoncé à devenir chef du gouvernement, après avoir été reçu par le président italien Sergio Mattarella.

«Le président du Conseil désigné Giuseppe Conte a remis son mandat au président Mattarella», a déclaré le secrétaire général de la présidence, Ugo Zampetti, à l'issue de l'entrevue entre les deux hommes.

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Giuseppe Conte avait été désigné le 23 mai au poste de président du Conseil des ministres, mais il devait encore confirmer cette nomination et présenter une liste de ministres au chef de l'Etat, afin que le gouvernement devienne effectif. Or, depuis le 23 mai, Giuseppe Conte ne parvenait pas à imposer son gouvernement, faute d’accord sur le nom du ministre des Finances. Ainsi, le président Sergio Mattarella a refusé de nommer Paolo Savona, 81 ans et eurosceptique déclaré, à la tête du ministère des Finances.

En effet, Sergio Mattarella a, pour sa part, affirmé que l'appartenance à la zone euro était «fondamentale» pour le pays. Il a également annoncé qu'il se déciderait dans les prochains jours quant à l'organisation de nouvelles élections.

Le président italien a en outre fait savoir qu'il convoquait l'économiste Carlo Cottarelli le matin du 28 mai. Celui-ci, âgé de 64 ans, a été haut responsable au Fonds monétaire international (FMI) et s'est vu attribuer le surnom de «monsieur Ciseaux» quand il a été chargé de la révision des dépenses publiques par le gouvernement d'Enrico Letta (centre gauche) en 2013.

«Je peux vous assurer que j'ai fourni le maximum d'efforts et d'attention pour mener à bien cette tâche et l'avoir fait dans un climat de pleine collaboration avec les responsables des forces politiques qui m'ont désigné», a de son côté déclaré Giuseppe Conte devant la presse.

Matteo Salvini : «Nous ne sommes pas esclaves des Allemands ou des Français»

Le leader de la Ligue (parti souhaitant former une coalition gouvernementale avec le Mouvement 5 étoiles), Matteo Salvini, avait prévenu dans la journée que si des conditions étaient posées, notamment par le président Sergio Mattarella, il n'y aurait pas de gouvernement.

Jamais plus, l'Italie ne sera le serviteur de quelqu'un, l'Italie n'est pas une colonie

Réagissant au renoncement de Giuseppe Conte, Matteo Salvini émet un jugement sévère contre le président italien, sous-entendant une influence allemande et française pour avoir refusé le nom de Paolo Savona : «Nous avons travaillé pendant des semaines, jour et nuit, pour faire naître un gouvernement qui défende les intérêts des citoyens italiens. Mais quelqu'un (sur la pression de qui ?) nous a dit non. Jamais plus, l'Italie ne sera le serviteur de quelqu'un, l'Italie n'est pas une colonie, nous ne sommes pas esclaves des Allemands ou des Français.»

Le leader du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, a lui déclaré, selon l'agence Reuters, que le président devrait être destitué par le Parlement pour avoir trahi la Constitution italienne.

Il y a quelques jours, Matteo Salvini avait déjà dénoncé une «invasion de terrain inacceptable» de la part du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, qui avait déclaré que «la stabilité financière de la zone euro» serait menacée par l'orientation économique d'un gouvernement italien formé par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles.

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