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Allemagne : plutôt qu'une kippa, mieux vaut-il porter «une casquette de baseball» ?

La vidéo d'une agression à caractère antisémite tournée à Berlin par un Arabe israélien continue de faire des vagues outre-Rhin. Le Conseil central des juifs d'Allemagne estime que, dans certains quartiers, les juifs devraient se montrer prudents.

Le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, a déconseillé le port de la kippa dans certains quartiers des grandes villes allemandes, dans des propos rapportés le 24 avril par la Radio Berlin Brandebourg (RBB). «Mieux vaut porter une casquette de baseball ou tout autre couvre-chef équivalent», a-t-il préconisé, ajoutant : «Manquer de s'opposer à l'antisémitisme, à terme, mettra en danger notre démocratie.»

Quartiers problématiques avec une population musulmane importante

«Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'antisémitisme, car cela va de pair avec le racisme, cela va de pair avec la xénophobie. Cela nécessite de mettre clairement un stop», a encore estimé Joseph Schuster sur RBB. Evoquant des «quartiers problématiques avec une population musulmane importante», le président du Conseil central des juifs d'Allemagne a, dans le même temps, affirmé ne pas vouloir «jeter la suspicion sur tous les musulmans». 

Les déclarations de Joseph Schuster interviennent neuf jours après une agression filmée dans le quartier berlinois de Prenzlauer Berg le 16 avril dernier. Sur la vidéo, tournée en vue subjective, deux personnes portant une kippa sont agressées à coups de ceinture au cri de «juif !». Deux jours plus tard, dans un entretien accordé à la Deutsche Welle, le jeune qui a filmé l'attaque a affirmé se prénommer Adam et être un citoyen israélien arabe. Il a dit avoir voulu attirer l'attention sur l'antisémitisme en Allemagne. Selon la police citée par Die Welt, l'auteur de l'agression serait quant à lui un réfugié syrien.

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«Berlin porte la kippa»

Parallèlement à ses recommandations, le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, la communauté juive d'Allemagne a aussi opté pour la visibilité, «là ou c'est possible». Il a ainsi appelé à organiser une opération baptisée «Berlin porte la kippa», le 25 avril en début de soirée. Outre la capitale allemande, d'autres villes, comme Cologne, Potsdam, Erfurt ou Magdebourg ont annoncé se joindre au mouvement.

Pour ceux qui n'ont pas de kippa, le quotidien berlinois TAZ a publié ce même jour un mode d'emploi pour en faire une soi-même, avec un patron à découper.

La vidéo de l'agression avait suscité de vives condamnations dans la classe politique allemande. «Quand de jeunes hommes sont attaqués chez nous juste parce qu'ils portent une kippa, c'est insupportable», a ainsi martelé sur Twitter le 18 avril le ministre allemand de l'Intérieur Heiko Maas. Le 22 avril, la chancelière Angela Merkel déplorait une situation en Allemagne où, selon elle, «aucune crèche, aucune école, aucune synagogue ne [pouvait] être laissée sans protection policière». «La sécurité d'Israël fait partie de la raison d'Etat de l'Allemagne», avait-elle encore ajouté.

Selon une étude de l'Office allemand des statistiques, les personnes ayant une origine étrangère et vivant en Allemagne représentent 20,3% de la population, soit plus d'une personne sur cinq. En 2015 et 2016, la chancelière allemande avait ouvert les portes du pays à plus d'un million de réfugiés.

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