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Mike Pompeo, nouveau chef de la diplomatie US : un «faucon» de plus dans l'équipe de Trump

Le Sénat américain auditionne ce 12 avril Mike Pompeo, ex-patron de la CIA, que Donald Trump a désigné pour succéder à Rex Tillerson. Le probable prochain secrétaire d'Etat devrait imprimer à la diplomatie américaine une ligne encore plus dure.

Nommé par Donald Trump au poste de secrétaire d'Etat par Donald Trump, Mike Pompeo était auditionné ce 12 avril par la commission des Affaires étrangères du Sénat américain pour être confirmé dans sa fonction.

D'après l'agence Reuters, les questions des sénateurs lors de cet examen de passage devraient se résumer à une seule : Mike Pompeo sera-t-il capable de s'opposer au président Donald Trump ? Si l'analyse de Reuters en dit long sur le double-jeu et les tiraillements qui caractérisent de plus en plus l'exécutif et le sommet de l'Etat américains, le nouveau chef de la diplomatie américaine devrait présenter toutes les garanties nécessaires aux sénateurs les plus exigeants.

Le début de l'audition a d'ailleurs été marqué par quelques troubles. Une douzaine de manifestants ont entonné le slogan : «Non à Pompeo, non à d'autres guerres.»

La Russie continue d'agir de façon agressive, profitant de plusieurs années de laxisme

La Maison Blanche a publié ce 12 avril en amont de son audition quelques extraits du discours, que Mike Pompeo devait prononcer devant la commission sénatoriale ce même jour et qui attestent de positions résolument intransigeantes en matière de relations internationales. «La Russie continue d'agir de façon agressive, profitant de plusieurs années de laxisme à l'égard de cette agression», martèle-t-il dans ces extraits. «Poutine n'a pas assez reçu le message», a-t-il lancé, cette fois devant la commission du Sénat, faisant serment de reconstruire le Département d'Etat (le ministère des Affaires étrangères américain).

Mais à quelle agression Mike Pompeo fait-il allusion ? Selon Reuters, ses propos ne font pas mention des accusations d'ingérence supposée de la Russie dans le processus démocratique de l'élection présidentielle américaine de 2016. Lors de l'audition, la commission du Sénat devrait toutefois s'assurer de son orthodoxie sur ce point.

Quoi qu'il en soit, la désignation de Mike Pompeo à la tête de la diplomatie américaine le 13 mars dernier confirme un durcissement voulu par Donald Trump sur les grands dossiers internationaux, après l'éviction de Rex Tillerson. Et la Russie n'est pas la seule à se retrouver dans le collimateur de ce «faucon».

La Chine encore plus dangereuse, selon Mike Pompeo

Mike Pompeo garde aussi la Chine à l'œil, rejoignant en cela la nouvelle stratégie sécuritaire de Washington publiée avec l'approbation de Donald Trump le 18 décembre 2017. Elle identifie clairement Pékin et Moscou comme des «puissances révisionnistes». Pour Mike Pompeo, l'Empire du Milieu serait même bien plus dangereux. «Les Chinois ont une base [économique] bien plus importante pour mener cette mission [d'ingérence] que les Russes», avait-il précisé dans une interview accordée à la BBC le 30 janvier dernier.

Et Mike Pompeo d'affirmer, pour étayer ses craintes : «Nous pouvons constater qu'ils sont très concentrés dans leur efforts visant à voler des informations à l'Amérique, d'infiltrer les Etats-Unis avec des espions [...] Nous le voyons dans nos écoles, dans nos hôpitaux [...] Nous le voyons dans les milieux d'affaires américains. C'est aussi vrai en Europe et au Royaume-Uni.»

Reprise du dialogue avec la Corée du Nord : peut-être, mais sous conditions

La Maison Blanche a mis en avant la volonté du président d'avoir une nouvelle équipe au moment d'aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord, après que Donald Trump a accepté le 9 mars dernier l'invitation du président coréen Kim Jong-un. Rex Tillerson risque toutefois de ne pas être crédité de ce succès diplomatique. En octobre 2017, Donald Trump avait pratiquement désavoué son secrétaire d'Etat, écrivant sur Twitter : «Il perd son temps à négocier», ajoutant : «Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire.»

Mike Pompeo, récoltant les fruits de l'action de son prédécesseur, se montre lui beaucoup plus inflexible sur le dossier nord-coréen. Sur la chaîne Fox News, le 11 mars, il rappelait que Donald Trump avait posé, selon lui, plusieurs conditions préalables à la rencontre et que les sanctions à l'encontre de Pyongyang continueraient de s'appliquer.

Mike Pompeo partisan d'une guerre avec l'Iran en 2014

En 2014, bien avant d'être nommé à la tête de la CIA, Mike Pompeo suggérait l'usage de la force contre Téhéran. «Selon une estimation déclassifiée, il faudrait moins de 2 000 [frappe aériennes] pour détruire les capacités nucléaires de l'Iran», déclarait-il alors qu'il était représentant du Kansas. Et d'ajouter, cité par la Jewish Telegraphic Agency : «Ce n'est pas une tâche insurmontable pour les forces de la coalition.»

Dans le cas où il serait confirmé par le Sénat, Mike Pompeo pourra compter sur un entourage présidentiel de plus en plus néoconservateur. Depuis le 9 avril, le nouveau conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump est un certain John Bolton, partisan de la guerre en Irak en 2003, très anticommuniste dans sa jeunesse et, partant, antirusse virulent aujourd'hui.

Alexandre Keller

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