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Trump, en 2013 : «Notre horrible gouvernement nous entraîne vers la Troisième Guerre mondiale»

En moins d'un an, en contradiction avec ses promesses électorales, Donald Trump s'est progressivement converti à l'agenda néoconservateur qui prône un interventionnisme américain sur la scène internationale. Mais Donald Trump y croit-il vraiment ?

Ce 11 avril, Donald Trump a mis au défi l'armée russe d'intercepter des tirs de missiles américains vers la Syrie. «La Russie promet de descendre tout missile tiré sur la Syrie. Prépare-toi Russie, parce qu'ils vont venir, tout beaux, tout nouveaux et "intelligents"», a-t-il lancé sur Twitter. Une allusion sans doute au dévoilement en mars dernier par le président russe Vladimir Poutine de toute une série de nouvelles armes sophistiquées.

Et pourtant, le président américain n'a pas toujours été dans une logique guerrière sur le dossier syrien.

En 2013, il mettait au contraire en cause son prédécesseur Barack Obama contre une intervention militaire directe des Etats-Unis en Syrie. «Préparez-vous, il y a une petite probabilité que notre horrible gouvernement nous entraîne sans le savoir vers la Troisième Guerre mondiale», tweetait-il alors.

Quant à la véritable nature des rebelles, soutenus alors notamment par la France et les Etats-Unis, Donald Trump se montrait également un peu plus critique. «Gardez en tête que ces "combattants de la liberté" en Syrie veulent envoyer des avions dans nos gratte-ciels», analysait-il en août 2013, dans une allusion transparente aux attentats du 11 septembre 2001.

Washington et Paris s'apprêtaient alors à frapper Damas. Les deux prenant prétexte de l'attaque chimique de la Ghouta du 21 août 2013, attribuée, déjà, à l'armée syrienne. Le 30 août suivant, lâché in extremis par les Etats-Unis, François Hollande renonçait toutefois à frapper seul la Syrie.

Donald Trump, otage des «faucons» ?

Elu en novembre 2016 sur un programme de politique étrangère d'apaisement et de non-interventionnisme, Donald Trump a en quelques mois effectué un virage sur l'aile. Première action militaire d'un Trump chef de guerre, le président américain décidait de frapper en représailles la base syrienne d'Al-Chaaryate le 4 avril 2017, sans attendre les preuves d'une éventuelle implication des autorités syriennes dans l'incident chimique de Khan Cheikhoun.

En l'espace d'un an, les néoconservateurs semblent donc avoir repris le pouvoir au sommet de l'Etat. Ces partisans d'une Amérique impériale, gendarme du monde à la «destinée manifeste», sont parvenus à imposer au président américain un agenda qui aurait pu être celui de sa rivale malheureuse, l'ex-secrétaire d'Etat de Barack Obama, Hillary Clinton. 

La prise de fonctions du très antirusse John Bolton comme conseiller à la Sécurité nationale s'inscrit en tout cas dans le cadre d'une série de remaniements dans l'équipe de Donald Trump, marquée notamment par l'éviction de Steve Bannon, mais aussi le remplacement du secrétaire d'Etat Rex Tillerson, partisan d'une ligne moins dure avec la Russie, par le directeur de la CIA, Mike Pompeo.

L'animosité avec la Russie est largement causée par l'enquête russe

Ce 11 avril, dans une série de tweets contradictoires, Donald Trump a fait part de ce qui ressemble à des regrets, mettant la crise actuelle entre les Etats-Unis sur le compte de l'enquête inlassable sur la supposée ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016. «L'animosité avec la Russie est largement causée par l'enquête russe, fausse et corrompue, aiguillée par des démocrates, ou des personnes qui ont travaillé pour Obama [...] Il [ne trouvent pas] de collusion, alors ils deviennent fous», a-t-il déploré sur Twitter.

Alexandre Keller

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