«Les missiles "intelligents" devraient frapper les terroristes, pas le gouvernement légitime [de la Syrie]», a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères ce 11 avril 2018. La diplomate répondait ainsi au tweet bravache, publié une heure plus tôt, de Donald Trump, qui invitait la Russie à se tenir prête à des tirs de missiles «tout beaux, tout neufs et "intelligents" américains» contre la Syrie.
«Les inspecteurs n'auront plus rien à trouver en termes de preuves», a ajouté Maria Zakharova, alors que les accusations d'attaque chimique ont été relayées par certains groupes liés aux rebelles, dont les controversés Casques blancs, ainsi que le pro-occidental Observatoire syrien des droits de l'homme, qui s'appuie sur des informations des mêmes rebelles, parmi lesquels Jaïch al-Islam.
Ces missiles intelligents pourraient constituer une tentative de détruire des preuves
Les Etats-Unis, ainsi que certains de ses alliés dont la France, se sont saisis de ses allégations pour mettre en cause l'action de la Russie qui assiste le gouvernement de Damas dans la reconquête de son territoire. «[Le recours à] ces missiles intelligents pourrait constituer une tentative de détruire des preuves au sol de l'attaque chimique en Syrie», a encore déclaré Maria Zakharova.
Alexandre Zassypkine, ambassadeur de Russie au Liban, a déclaré le 10 avril que si des missiles américains étaient tirés sur la Syrie, ils seraient détruits. Il a précisé que les sites de lancement de ces missiles seraient également visés. «S'il y a une frappe des Américains, alors... les missiles seront détruits, de même que les sources à partir desquelles les missiles ont été tirés», a-t-il ainsi déclaré à la chaîne al-Manar du Hezbollah.
Au moment où s'est produite l'attaque chimique présumée, le 7 avril, les forces armées syriennes avaient reconquis plus de 90% de l'enclave de la Ghouta. Ne restait plus qu'une ultime poche aux mains du groupe armé salafiste Jaïch al-Islam. Alors que les rebelles de la Ghouta s'étaient déjà opposés à une évacuation humanitaire, Jaïch al-Islam a pilonné le 6 avril dernier les couloirs humanitaires ouverts quatre jours plus tôt.
Le lendemain, alors que rien ne semblait indiquer l'intérêt rationnel (à la fois diplomatique et militaire) pour les troupes syriennes, sur le point de reconquérir Douma, de recourir à l'utilisation d'armes chimiques, les Casques blancs ainsi que l'OSDH faisaient état d'une attaque massive au gaz asphyxiant.