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Syrie : Theresa May hésite à se joindre à une attaque militaire américaine et veut plus de preuves

Le Royaume-Uni s'est montré dubitatif quant à une intervention militaire américaine en Syrie après la supposée attaque chimique à Douma du 7 avril. Une position qui s'avère plus mesurée, en comparaison de celle des Etats-Unis et de la France.

Le premier ministre britannique Theresa May paraît faire montre de bien plus de prudence quant aux accusations d'attaque chimique présumée en Syrie que dans l'affaire Skripal, malgré l'absence de preuves dans les deux cas.

Selon le quotidien britannique The Times, la dirigeante ne souhaite pas immédiatement se joindre aux Etats-Unis dans sa potentielle attaque contre la Syrie. Le Premier ministre britannique aurait ainsi annoncé à Donald Trump qu'elle ne risquerait pas de frapper par missiles la Syrie tant qu'il n'y aurait pas plus de preuves convaincantes de la culpabilité de Damas, concernant une supposée attaque chimique à Douma le 7 avril.

Le 9 avril, le président américain Donald Trump avait effectivement déclaré qu'il promettait de prendre des «décisions majeures» dans les 48 heures, n'écartant pas une intervention militaire en Syrie.

Les rapports des Casques blancs, un groupe lié aux rebelles, ont établi à plusieurs dizaines le nombre de victimes de l'attaque chimique présumée. Cependant, les responsables militaires russes, qui ont visité la région et ont parlé aux responsables de l'hôpital, ont qualifié les allégations de «provocation» et décrit les images, qui les accompagnent, de mise en scène.

Au cours d'une conversation téléphonique le 10 avril, les dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France ont néanmoins convenu que «la communauté internationale devait réagir» à la supposée attaque chimique.

Plus tôt dans la journée du 10 avril, le président français Emmanuel Macron a déclaré que les trois alliés – les États-Unis, le Royaume-Uni et la France – prendraient une décision sur l'opportunité de mener une action militaire contre la Syrie «dans les prochains jours». Il a ensuite évoqué des bornes quant à la portée d'une éventuelle attaque française contre la Syrie, qui se limiterait exclusivement à frapper des installations supposément utilisées pour produire des armes chimiques. Des frappes qui ne viseraient donc pas les alliés de la Syrie, c'est à dire la Russie et l'Iran.

Néanmoins, les zones ciblées, évoquées par Emmanuel Macron, sont encore inconnues publiquement, puisque la Syrie nie détenir des stocks d'armes chimiques. Toutes les armes chimiques déclarées par la Syrie ont d'ailleurs été détruites, selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). A l'Assemblée nationale, le Premier ministre Edouard Philippe, au diapason du chef d'Etat, a confirmé une «réaction» française [qui] dira des choses de ce que nous sommes».

La Russie a néanmoins exhorté les Etats-Unis et leurs alliés à s'abstenir quant à une démonstration de force apparemment imminente en Syrie. Le 10 avril, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pu s'entendre pour adopter trois résolutions sur la Syrie appelant à une enquête sur l'utilisation présumée d'armes chimiques. Le projet de résolution proposé par les Etats-Unis a été notamment critiqué par Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie à l'ONU. Pour ce dernier, cette résolution était vouée à échouer afin de servir à justifier une réponse militaire américaine Etats-Unis écartant l'ONU. «Si vous avez pris la décision de mener une entreprise militaire illégale, nous espérons que vous reviendrez à la raison», avait-il déclaré en visant les Etats-Unis lors de la réunion du Conseil de sécurité.

La Chine, un autre membre permanent du Conseil de sécurité, a également mis en garde contre une intervention militaire, appelant les parties à ne pas «arriver à une conclusion arbitraire» et à chercher un règlement politique.

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