«Vous avez désigné les coupables avant l'enquête» : veto russe à la proposition US sur la Syrie
Alors que des experts de l'OIAC doivent se rendre en Syrie pour enquêter sur une présumée attaque à Douma, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté sur des propositions concurrentes de la Russie et des Etats-Unis quant aux armes chimiques.
Le Kremlin a taclé ce 11 avril l'habitude de Donald Trump de s'exprimer sur Twitter. «Nous ne participons pas à la twitto-diplomatie. Nous sommes partisans d'approches sérieuses», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov, cité par les agences russes lui demandant de commenter les derniers messages du président américain.
🔴Crise en #Syrie 🇸🇾 : Le président russe Vladimir #Poutine a donné sa propre perspective lors d'un discours devant des diplomates étrangers ce 11 avril 2018, sur fond de tensions extrêmes entre la #Russie 🇷🇺 et l'Occident
— RT France (@RTenfrancais) 11 avril 2018
➡️ https://t.co/aNupL5BgRjpic.twitter.com/eckGmQdNpE«Nous estimons toujours qu'il est important de ne pas mener des actions qui pourraient nuire à une situation déjà fragile», a-t-il ajouté. Dimitri Peskov a également rappelé que l'attaque chimique présumée de Douma (dans la Ghouta, à l'est de la capitale syrienne), le 7 avril dernier, était instrumentalisée, selon Moscou, par les Etats-Unis. «Nous sommes convaincus que l'utilisation d'armes chimiques à Douma a été inventée, et ne peut être utilisée comme prétexte pour avoir recours à la force», a-t-il prévenu.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) tiendra une réunion d'urgence le 16 avril 2018 pour évoquer l'attaque chimique présumée de Douma du 7 avril dernier.
L'OIAC, basée à La Haye aux Pays bas, a d'ores et déjà annoncé le 10 avril l'envoi d'une équipe dans cette dernière poche tenue par les rebelles salafistes de Jaïch al-Islam pour enquêter. Il a été demandé aux autorités syriennes, par ailleurs demandeuses d'une telle enquête, «de faire les arrangements nécessaires pour ce déploiement». «Cela coincide avec la requête de la République arabe syrienne et de la Fédération de Russie d'enquêter sur les allégations de l'utilisation d'armes chimiques à Douma», a précisé l'OIAC, citée par Reuters.
D'après Reuters, le Pentagone a annoncé par la voix du secrétaire américain à la Défense Jim Mattis, ce 11 avril, avoir planché sur les différentes options militaires en Syrie et s'est dit prêt à les présenter au président américain Donald Trump. Il a cependant précisé que les Etats-Unis étaient «encore en train d'évaluer» les informations sur l'attaque chimique présumée du 7 avril, à Douma.
Le Premier ministre britannique Theresa May explique que «tout signale que le régime syrien est responsable de l'attaque chimique» qui se serait produite à Douma. Pour autant, la dirigeante hésite à se joindre à une éventuelle action militaire, disant avoir besoin de plus de preuves.
Citée par l'agence RIA, l'armée russe a signalé que les échantillons récupérés sur le lieu de l'attaque chimique présumée en Syrie ne contenait pas de «substances toxiques».
L'armée russe explique que les Etats-Unis «feraient mieux de reconstruire la ville en ruines de Raqqa plutôt que de parler de lancement de missiles».
L'armée russe, citée par l'agence TASS, a fait savoir que l'attaque chimique supposée à Douma en Syrie avait été «mis en scène» par les Casques blancs syriens.
La Syrie a dénoncé ce 11 avril comme une «escalade dangereuse» les menaces de frappes du président américain Donald Trump contre son territoire, selon l'agence officielle syrienne Sana.
«Nous ne sommes pas étonnés par cette escalade dangereuse en provenance d'un régime comme celui des Etats-Unis qui a parrainé et parraine encore le terrorisme en Syrie», a fait savoir une source du ministère des Affaires étrangères, citée par Sana.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré ce 11 avril espérer que «toutes les parties éviteront tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région», se référant aux éventuelles frappes américaines en Syrie, en réponse à l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma.
#ONU : le projet russe pour un mécanisme d'enquête sur les armes chimiques en Syrie rejetéhttps://t.co/3t1S0ikjY0pic.twitter.com/iQBMNOLV5S
— RT France (@RTenfrancais) 10 avril 2018
Le Conseil de sécurité de l'ONU vote ce 10 avril sur trois propositions de résolution concurrentes, l'une américaine et deux russes, alors que les Etats-Unis et la France, notamment, ont menacé de recourir à la force contre Damas, qu'ils accusent d'être responsable d'une présumée attaque chimique à Douma, en Syrie.
Le texte américain, qui condamne l'attaque supposée, propose la création d'un nouveau «mécanisme d'enquête indépendant des Nations unies» sur le recours aux armes chimiques en Syrie.
Moscou, qui dément tout recours à des armes chimiques, juge pour sa part «inacceptables» certains éléments de ce projet alors que la Syrie, soutenue par la Russie, est en passe de reconquérir cette poche de la Ghouta tenue par des rebelles islamistes.
#Syrie 🇸🇾 : «Je veux dire que les alliés du régime ont une responsabilité particulière dans ce massacre» ainsi que dans la «violation de la trêve» prévue par le Conseil de sécurité de l'#ONU, a déclaré le Premier ministre
— RT France (@RTenfrancais) 10 avril 2018
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Moscou fait confiance à l'OIAC
Aussi, la Russie a demandé au Conseil de sécurité de se prononcer sur deux textes qu'elle a préparés.
Le premier propose de créer un mécanisme d'enquête sur l'emploi d'armes chimiques en Syrie, tandis que le second est un document qui apporte un plein soutien à une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Basée à La Haye, l'OIAC, qui n'a pour mission que de confirmer ou d'infirmer l'usage d'armes chimiques sans aller jusqu'à en identifier les utilisateurs, a fait savoir qu'elle allait envoyer «sous peu» des enquêteurs à Douma. La Russie réclamait depuis plusieurs jours qu'une mission de l'OIAC aille enquêter sur place. La Syrie avait elle aussi invité les enquêteurs à se rendre sur le terrain.