Ce 20 mars, le ministre russe de la Défense a fait le point sur la situation dans la Ghouta, à l'est de Damas. Dans l'enclave, le recul des groupes armés antigouvernementaux islamistes s'accompagne toujours d'un nombre croissant de réfugiés, enfin en mesure de rejoindre les zones sous contrôle de l'armée régulière syrienne.
«Une opération unique et sans précédent est en cours sous la supervision du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie. En tout, 79 655 personnes ont été évacuées [des secteurs de la Ghouta encore sous contrôle des rebelles] au cours des cinq derniers jours via des corridors humanitaires», a détaillé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, lors d'une conférence de presse ce 20 mars. «Plus de 65% du territoire de la Ghouta orientale a été libéré», a-t-il ajouté, plus modeste que l'estimation de l'AFP (80%), soulignant que les efforts des officiers russes encadrant l'opération, en coordination avec l'armée syrienne, était d'assurer la sécurité des civils lors de leur fuite hors des secteurs encore tenus par les groupes armés islamistes, dans cette banlieue de Damas mi-urbaine mi-agricole.
Dans une vidéo tournée par un soldat de l'armée syrienne, relayée sur Twitter, les civils sortant de la Ghouta témoignent à charge contre les rebelles.
En outre, l'AFP rapporte le récit, ce 20 mars, de Syriens qui, après avoir initialement fui l'avancée de l'armée syrienne dans la Ghouta, regagnent finalement leurs habitations dans les zones reprises par les militaires, «plus tôt que prévu». Ainsi, dans localité de Saqba, petite agglomération de l'ouest de la Ghouta reprise durant le week-end des 17 et 18 mars par l'armée, plusieurs familles, «des centaines d'hommes et de civils», regagnent leurs domiciles. L'AFP assure néanmoins que «ces retours à Saqba font figure d'exception dans la Ghouta orientale.»
Parmi les groupes armés encore présents dans l'enclave, on recensait encore à la mi-mars : Jaïch al-Islam (au nord de la Ghouta), Fatah al-Cham (anciennement Front al-Nosra), Faylaq al-Rahmane (Légion du Tout miséricordieux), ainsi que le groupe rebelle salafiste Ahrar al-Cham al-Islamyya (Mouvement islamique des hommes libres du Cham).
Le 1er mars pourtant, Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat américain, qualifiait la mise en place de corridors humanitaires par Damas et Moscou de «plaisanterie».
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Menaces d'attaques chimiques
Si les puissances occidentales accusent continuellement Damas de vouloir ou d'avoir mené des attaques à l'arme chimique contre des civils, le ministère russe de la Défense a déclaré ce 20 mars qu'au moins trois tentative d'attaque chimique par les rebelles auraient été déjouées au cours de la semaine passée. «La possibilité d'une utilisation d'agents chimiques par les [rebelles] persiste, avec pour but d'accuser les troupes [régulières] syriennes de faire usage d'armes chimiques», a souligné Sergueï Choïgou.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages de civils recueillis par la télévision syrienne se multiplient, affirmant que les rebelles les gardaient en otage dans des caves.
Selon plusieurs sources, dont les Nations unies, les rebelles ont également ouvert le feu sur des civils cherchant à fuir la Ghouta.
Fin février, juste avant que le Conseil de sécurité de l'ONU ne vote à l'unanimité une résolution sur un cessez-le-feu en Syrie, les groupes rebelles de la Ghouta orientale avaient écrit aux Nations unies dans le but de faire savoir qu'ils s'opposeraient à tout plan d'évacuation de civils hors de la zone de combats.