Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé, ce 6 février 2018, Washington à retirer ses soldats de la ville syrienne de Minbej, répétant sa détermination à en chasser une milice kurde considérée comme terroriste par la Turquie. S'exprimant lors d'un meeting de son parti, l'AKP, le chef de l'Etat turc a martelé que l'opération militaire commencée dans l'enclave kurde d'Afrin s'étendrait malgré les réserves de Washington.
Les appels à la modération américains, en particulier, ont provoqué l'ire du président turc. «Quand allez-vous cesser de nous poser la question [de la fin de l'opération turque en Syrie]», a-t-il lancé à l'encontre des Etats-Unis, cité par le quotidien turc Hürriyet. Et Recep Tayyp Erdogan de poursuivre, évoquant l'intervention américaine en Afghanistan, toujours en cours : «Quand avez-vous mis fin à vos opérations en Afghanistan ? Ça fait 18 ans [que vous y êtes]».
Nous allons venir pour remettre Minbej à ses vrais propriétaires
Recep Tayyip Erdogan a en outre assuré que, selon lui, les Etats-Unis avaient promis de quitter Minbej. «Alors pourquoi vous restez ? Allez, partez !», a-t-il conclu, reprochant à Washington de maintenir des forces armées en Syrie malgré la défaite de Daesh, à des fins «calculatrices». «Nous allons venir pour remettre Minbej à ses vrais propriétaires», a-t-il encore fulminé, accusant les Etats-Unis d'y avoir eux-même placé des Unités de protection du peuple kurde (YPG).
Le 27 janvier dernier, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, avait déjà exigé que les Etats-Unis se retirent «immédiatement» de Minbej. Cette ville est située à une centaine de kilomètres à l'est de la région d'Afrin, où Ankara a lancé le 20 janvier l'opération militaire Rameau d'olivier.
Cette offensive vise à déloger les YPG, une milice kurde considérée par Ankara comme une organisation terroriste mais soutenue et armée par les Etats-Unis. Outre Minbej, situé à l'ouest de l'Euphrate, les YPG contrôlent, à l'est du fleuve, une longue bande de territoire le long de la frontière turque jusqu'à l'Irak. Dans tout ce secteur, ils sont assistés par des militaires américains.