Ankara répond aux réserves émises par Washington, quant à l'offensive turque sur le district d’Afrin, détenu par des milices kurdes, dans le nord-ouest de la Syrie. Le 21 janvier, le département d'Etat américain avait en effet appelé la Turquie à «la retenue» et demandé que les opérations militaires «restent d'une portée et d'une durée limitées». Un appel sous forme d'avertissement, auquel n'a pas manqué de répliquer le président turc.
Lors d'un discours prononcé le 22 janvier à la télévision, Recep tayyip Erdogan a répondu aux Américains sous forme de questions rhétoriques : «Les Etats-Unis disent que cela [l'opération turque à Afrin] ne devrait pas durer trop longtemps. Je demande aux Etats-Unis, depuis combien de temps êtes-vous en Afghanistan, quand cela finira-t-il ? Vous êtes venus en Irak avant notre arrivée au pouvoir. Votre présence a-t-elle pris fin en Irak ? Vous êtes toujours là.»
Le chef d'Etat turc a en outre ajouté : «La Turquie n'a pas l'intention de prendre le contrôle des territoires d'un autre pays et finira par quitter le sol syrien.» Selon lui, l'opération militaire turque ne vise pas la population kurde, mais uniquement des «terroristes» – les Unités de protection du peuple (YPG), qui contrôlent le district d'Afrin, constituent une milice kurde considérée par Ankara comme une organisation terroriste.
«L'objectif principal de cette opération est de contribuer à la sécurité de la vie et des biens du peuple syrien ainsi qu'à l'intégrité territoriale de la Syrie et à la sécurité nationale de la Turquie», a-t-il précisé.
A Damas, les autorités considèrent néanmoins que l'intégrité territoriale syrienne a été violée par les Turcs. Dans un communiqué publié par l’agence publique syrienne Sana le 20 janvier, le ministère syrien des Affaires étrangères a ainsi fermement condamné ce qu’elle considère comme une «agression turque brutale sur Afrin, qui constitue une partie intrinsèque du territoire syrien».
Réagissant au lancement de l’opération «Rameau d'olivier», la Russie avait de son côté exprimé sa préoccupation et appelé à la retenue. Par la suite, Moscou a fait savoir qu’il suivait «attentivement le développement de la situation» à Afrin.
Au troisième jour de l'opération en Syrie, l'offensive turque s'est étendue au-delà de la région d'Afrin pour atteindre le district d'Azaz, plus à l'est.
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