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Jugée sexiste et homophobe, la série Friends, sous le feu des critiques des progressistes

D'après les médias The Independent et Slate, la génération des «Millennials» serait choquée par le ton sexiste, homophobe, raciste ou «grossophobe» de la série culte Friends. Un énième procès d'intention visant une œuvre ?

Elue en 2015 meilleure série de tous les temps par l'un des magazines américains les plus réputés, le Hollywood Reporter, Friends vient d'intégrer le catalogue de la plateforme Netflix. La série humoristique est alors devenue la cible du média de centre-gauche se voulant progressiste, The Independent

Pour lui, la génération des «Millennials» (aussi appelée génération Y), c'est-à-dire celle qui englobe les personnes nées entre 1980 et l'an 2000, serait désormais choquée par la série. Cette jeunesse décrirait la sitcom comme raciste, transphobe (rejet des transexuels et transgenres), homophobe et sexiste. Une conclusion générale basée pourtant sur les seuls témoignages de quelques jeunes de la génération Y. Aussi, l'homogénéité de cette génération pose question puisque des téléspectateurs appartenant à la génération des Millenials ont également contribué au succès de Friends durant sa diffusionentre 1994 et 2004.

Toutefois, The Independent pointe plusieurs problèmes. D'après le média, certains membres de la génération Y auraient trouvé que la façon dont la série traite la question LGBT les mettait «mal à l'aise». Le journal prend exemple sur les attitudes du personnage Chandler, qui a toujours peur d'être perçu comme un homosexuel ou qui raconte des blagues mesquines à propos de son père travesti.

Aussi, The Independent relaie par la voie des personnes qu'il a interrogées le sexisme et l'homophobie présumés de la série. Pour certains téléspectateurs, une séquence d'un épisode permet de mettre en exergue ces deux tendances : celle où Rachel embauche une nounou pour sa fille Emma.

Le père d'Emma, Ross, ne peut pas supporter le fait que la nounou soit en fait un homme. Et Ross a la malencontreuse idée de demander, en plus, s'il est gay...

Par ailleurs, The Independent affirme que les Millennials seraient outrés par la relation amoureuse qu'a entretenue le personnage Monica avec un ami de son propre père, un homme âgé de vingt ans de plus qu'elle. «Une relation controversée», selon le média, «jugée inconfortable» après le scandale des harcèlements sexuels de l'affaire Harvey Weinstein. Pourtant, dans la série, Monica a une relation totalement consentie avec Richard contrairement à ce que laisse supposer The Indenpendent.

En outre, le racisme est pointé du doigt par les persones interrogées s'agissant du manque de diversité éthnique des personnages de la série. Effectivement, il n'y avait que deux personnages non-blancs dans la sitcom : la petite amie de Ross, Julie et le Dr Charlie Wheeler. Des internautes et The Independent qui promeuvent donc la discrimination positive dans les œuvres. 

Après The Independent, le site Slate s'attaque aussi à Friends...

Enfin, le site internet Slate, dont Jacques Attali figure parmi les fondateurs de la déclinaison française du site, a défendu cette enquête en reprenant l'ensemble des critiques contre l'homophobie ou le sexisme que certains ont cru déceler dans Friends. Le site dévoile aussi son embarras devant les moqueries et les clichés sur les rondeurs de Monica lorsqu'elle était jeune, s'appuyant sur des analyses de journalistes. A ce titre, Slate conclut que les personnages de Friends sont aux «antipodes» de la société moderne. The Independent, quant à lui, assure que le succès de Friends «ne signifie pas que ce n'est pas un problème en 2018».

Mais internet se range du côté de Friends

Néanmoins, ces critiques énoncées contre la série ont provoqué l'hilarité ou la consternation de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. 

Clément Bourbonnais estime, pour sa part, que «les gauchistes s'attaquent désormais à la série Friends, jugée "homophobe, grossophobe et sexiste". Quand ils vont découvrir South Park...», ajoute l'internaute faisant référence à la série d'animation dont la griffe est ouvertement sarcastique, avec des personnages aux propos mêlant injures et moqueries sur les religions, les relations humaines ou les communautés.

Seriesvore qui se dit lui-même «gay» remet en doute la méthodologie des deux médias qui affirment que les jeunes trouvent la série sexiste et homophobe. Il ajoute d'ailleurs qu'il a «découvert la série il y a deux ans. C'est une des séries les plus drôle et respectueuses que j'ai pu voir».

Olympe, elle, est plus catégorique : «Il va falloir arrêter les conneries là. Analyser tous les films et toute la littérature du passé à l’aune des réflexions d’aujourd’hui est une impasse. On ne peut pas faire table rase. Friends était probablement plutôt en avance sur son temps.»

Dans la même veine, Emilie Lopez argumente aussi que la série était plutôt en avance sur son temps dans le traitement des questions sociétales. Elle rappelle ainsi que «Friends, c’est un mariage lesbien en saison 2, la question de la GPA en saison 4, arrivée d’un personnage transgenre en saison 5, etc. etc. Et tout ça dans les années 1990.»

Friends, une série prise dans la vague des indignations post-Weinstein ?

Friends n'est évidemment pas la seule création artistique qui fait face à des critiques sur le plan moral, en particulier depuis l'affaire Weinstein.

En janvier, l'opéra tragique Carmen a vu, en Italie, sa fin modifiée pour coller avec l'esprit féministe et, donc, faire en sorte que l'héroïne ne meure pas.

Dernièrement, en France, la série Kaamelott, dont les derniers épisodes ont été diffusés en 2009, a été prise pour cible par des féministes (dont une militante se décrivant «misandre», c'est-à-dire éprouvant du mépris, voire de la haine, pour le sexe masculin) pour l'humour des personnages qualifié d'homophobe et de sexiste. La blague misogyne de Tex, licencié par la suite de son poste d'animateur de jeu télévisé sur France 2, ou la photo du footballeur Antoine Griezmann grimé en basketteur à la peau noire sont passées devant le tribunal médiatique, poussant le meneur de jeu des Bleusà présenter des excuses publiques. 

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