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Expulsion ou incarcération : Israël laisse le choix à des dizaines de milliers de migrants africains

Les autorités israéliennes lancent un programme à l'encontre de près de 40 000 migrants, principalement erythréens et soudanais. Ceux-ci ont jusqu'à la fin du mois de mars pour quitter Israël, faute de quoi ils seront emprisonnés.

En matière de contrôle de l'immigration, Israël n'a pas les états d'âme des pays européens. Tel-Aviv a annoncé ce 3 janvier 2018 le lancement d'un programme destiné à imposer à près de 40 000 migrants en situation irrégulière de choisir entre leur expulsion ou leur incarcération.

S'exprimant en amont d'une réunion de son cabinet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est félicité de la mise en place de ce projet destiné à «faire partir les migrants entrés illégalement». Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 38 000 personnes sont concernées, en majorité des Erythréens et des Soudanais.

Les migrants qui accepteront de partir se verront remettre un billet d'avion et près de 3 000 euros, avec pour date-butoir mars 2018. Ceux qui refuseront d'être déportés seront incarcérés pour une durée indéterminée. Après la date du 1er mars, il sera encore possible pour ces personnes de quitter volontairement Israël, mais une somme inférieure leur sera remise. Le ministère de l'Intérieur a prévenu que ceux qui refuseront seraient emprisonnés.

Dans un communiqué distinct, le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, chargé de l'application du programme, a souligné qu'Israël était «déterminé à renvoyer des dizaines de milliers de migrants entrés illégalement». Selon des chiffres officiels, 4 012 migrants en situation irrégulière ont déjà quitté Israël en 2017, dont 3 332 originaires d'Afrique subsaharienne.

Des migrants en danger dans leurs pays d'origine

Pour autant, le gouvernement israélien reconnaît tacitement que les Soudanais et les Erythréens ne peuvent pas retourner chez eux dans le cadre de ce programme. Le gouvernement érythréen a en effet été accusé par l'ONU de crimes contre l'humanité, «généralisés et systématiques».

Quant au Soudan, son président Omar el-Béchir fait l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Excepté la prison en Israël, il n'y a qu'une seule solution : Israël a signé des accords avec des pays tiers, en l'occurrence le Rwanda et l'Ouganda, qui doivent accueillir les migrants volontaires.

Ces migrants sont pour la plupart entrés illégalement en Israël via le Sinaï égyptien à compter de 2007. Ce flux a été stoppé avec la fin de la construction par l'Etat hébreu d'une clôture électronique le long de la frontière avec l'Egypte.

Les autorités israéliennes ont ouvert des centres de rétention dans le sud, où près de 1 500 migrants sont soumis un régime de semi-liberté. Ces établissements vont fermer leurs portes et les migrants qui refuseront de partir seront envoyés en prison. Benjamin Netanyahou s'était rendu fin août 2017 dans le sud de Tel-Aviv, où résident des milliers de migrants africains, et s'était engagé à rendre ce secteur «aux citoyens israéliens».

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