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Israël : pour le chef de la police, les juifs éthiopiens sont «naturellement» suspects

Alors qu'Israël connaît régulièrement des manifestations hostiles aux immigrés, le chef de la police justifie les contrôles au faciès, mettant en avant le caractère «criminogène» des juifs éthiopiens pourtant citoyens de plein droit de l'Etat hébreu.

«Toutes les études criminologiques du monde le prouvent : les immigrés sont plus souvent impliqués dans des affaires criminelles que les autres, et ce n'est pas surprenant», a estimé le chef de la police israélienne lors d'une convention à Tel Aviv. «Quand la police rencontre quelqu'un de plus suspect que d'autres, par nature, elle le suspectera plus, c'est naturel», a argumenté le chef de la police, Roni Alsheikh, en réponse aux accusations des défenseurs israéliens de la communauté des juifs éthiopiens. Les militants anti-racistes ont en effet accusé les forces de l'ordre de cibler plus particulièrement ces juifs et de procéder à des contrôles au faciès se fondant sur des préjugés racistes.

«De plus, il est prouvé que le taux de criminalité est plus élevé chez les jeunes. Quand vous mettez tout ça ensemble, cela crée une situation dans laquelle une communauté est plus criminogène» que les autres, a estimé Roni Alsheikh, qui a par ailleurs reçu le soutien du ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan.

Israël compte quelque 135 000 juifs d'origine éthiopienne, dont 50 000 sont nés sur le sol de l'Etat hébreu. S'ils sont désignés du terme raciste de «Falachas», ils préfèrent s'appeler eux-même «Beta Israël», qui veut dire «maison d'Israël». Ces juifs éthiopiens, dont l'origine est mal définie, mais dont on sait qu'ils ont vécu pendant des siècles dans le nord de l'Ethiopie, ont commencé à migrer vers Israël dans les années 1980 et 1990 après la reconnaissance par l'Etat d'Israël de leur «judéité».

Une communauté de citoyens israéliens victime de discriminations racistes

L'intégration des «Ethiopiens» en Israël reste difficile. Ces derniers se retrouvent en effet ghettoïsés dans des quartiers spécifiques et considérés comme des juifs de deuxième catégorie. La minorité éthiopienne connaît un taux de chômage plus élevé que le reste de la population israélienne, compte moins de diplômés et, en revanche, se retrouve sur-représentée dans les affaires judiciaires. En 2013, le scandale de la «stérilisation» des immigrées éthiopiennes par les autorités israéliennes a éclaté au grand jour. Des femmes venues d'Ethiopie s'était vues injecter de façon systématique des contraceptifs de longue durée pour des raisons sanitaires.