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«Paris est la capitale de la France, Jérusalem celle d'Israël» : Netanyahou enfonce le clou

Alors que la tension est à son comble au Proche-Orient, après la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, Benjamin Netanyahou a été reçu à l'Elysée pour un déjeuner avec Emmanuel Macron.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a été reçu à l'Elysée le 10 décembre. Il s'est entretenu avec Emmanuel Macron lors d'un déjeuner, où a été notamment abordée la récente reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par Donald Trump.

Paris est la capitale de la France, Jérusalem est la capitale d'Israël

Lors de la conférence de presse qui a suivi leur rencontre, Emmanuel Macron a rappelé qu'Israël était «un pays ami». Dans ce sens, le président a affirmé que la France condamnait «avec la plus grande clarté toutes les formes d'attaques des dernières heures et des derniers jours [contre l'Etat hébreu]». «Tout ce qui menace la sécurité d'Israël et des Israéliens est condamné par la France avec beaucoup de fermeté», a-t-il insisté.

Le chef d'Etat français a toutefois rappelé à Benjamin Netanyahou que «conformément aux positions françaises depuis plusieurs décennies, la France tient à ce que deux Etats en paix avec des frontières internationalement reconnues puissent voir le jour dans la région entre Israël et la Palestine». Favorable à l'émergence d'une négociation, Emmanuel Macron s'est engagé à «soutenir toute initiative qui serait prise en ce sens [et invite] le Premier ministre à mener des gestes courageux en direction des Palestiniens pour sortir de l'impasse actuelle», donnant en exemple «le gel de la colonisation» israélienne.

Il a notamment désapprouvé les déclarations récentes du président des Etats-Unis qu'il juge «dangereuses pour la paix». Une décision qui ne semble «pas servir à court terme la cause de la sécurité y compris d'Israël et des Israéliens eux-mêmes», selon Emmanuel Macron.

A cela, Benjamin Netanyahou a répondu sans équivoque : «Paris est la capitale de la France, Jérusalem est la capitale d'Israël.» Le Premier ministre israélien a tout de même souligné qu'il respectait les choix de la France, qui refuse de suivre le choix de Washington.

Interrogé par un journaliste, le Premier ministre israélien a répondu au dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan, qui avait, plus tôt dans la journée, qualifié Israël d'«Etat terroriste» qui «tue des enfants».

«Je n'ai pas de leçons de moralité à recevoir d'un dirigeant qui bombarde des villages kurdes en Turquie, qui emprisonne des journalistes, aide l'Iran à contourner les sanctions internationales et aide des terroristes, notamment à Gaza», a lancé froidement Benjamin Netanyahou.

Netanyahou dénonce l'«hypocrisie» de l'Union européenne

Avant sa venue à l'Elysée, Benjamin Netanyahou, qualifiant Emmanuel Macron d'«ami», avait dénoncé l'attitude des pays européens. 

«J’attache une importance majeure à l’Europe. Je respecte l’Europe. Mais je ne suis pas prêt d’accepter un deux poids deux mesures de la part de celle-ci. J’entends certains condamner la déclaration historique du président Trump, mais je n’ai entendu aucune condamnation pour les roquettes lancées vers Israël [...] Je ne suis pas disposé à accepter cette hypocrisie», avait-il déclaré.

Journée internationale des droits de l'homme

Sur Twitter, plusieurs internautes ont déploré que le chef de l'Etat français célèbre la journée internationale des droits de l'homme, ce 10 décembre, en compagnie de Benjamin Netanyahou.

Le mouvement BDS France, qui prône le boycott et les sanctions contre l'Etat hébreu, a fait savoir son mécontentement.

Le 9 décembre, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées à Paris contre la venue du Premier ministre israélien.

Tension au Moyen-Orient

Critiquée aux quatre coins du monde, la décision de Washington a suscité la fureur des pays du Moyen-Orient, à l'exception d'Israël, qui s'est félicité d'un «jour historique».

Des heurts entre des manifestants palestiniens et l'armée israélienne ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés ces derniers jours, alors que l'organisation islamiste palestinienne Hamas a appelé à une nouvelle intifada pour protester contre la décision de Washington.

Depuis le 7 décembre, plusieurs roquettes ont par ailleurs été tirées de la bande de Gaza, enclave palestinienne contrôlée par le Hamas, en direction d'Israël. Certaines sont tombées en territoire palestinien, d'autres ont été interceptées et une a touché la ville israélienne de Sdérot sans faire de victime.

L'armée israélienne a riposté à ces tirs en menant des raids aériens contre des cibles à Gaza. Selon le Hamas, cette opération aurait coûté la vie à deux personnes.

Israël considère Jérusalem comme une ville sainte qui doit être la capitale de son Etat tandis que la ville est également revendiquée par le peuple palestinien qui veut, lui aussi, en faire la capitale de son Etat.

La rencontre entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron avait été prévue avant la déclaration de Donald Trump.

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