WikiLeaks publie de nouveaux documents d'espionnage sur l’Allemagne
WikiLeaks vient de dévoiler de nouveaux documents prouvant que le ministre allemand des Affaires Etrangères avait aussi été espionné par la NSA. Des révélations qui montrent par ricochet le rôle ambigu de l'Allemagne vis-à-vis de la CIA.
Décidément les grandes oreilles américaines sont insatiables ! WikiLeaks a levé un coin du voile lundi 20 juillet sur le goût prononcé des Américains pour la politique étrangère de son «allié» allemand ces dernières années. Frank-Walter Steinmeier, chef de la diplomatie allemande de 2005 à 2009, a donc été consciencieusement espionné, sur son téléphone fixe mais aussi sur son portable par l'agence américaine. Idem pour une vingtaine de membres importants de son cabinet.
RELEASE: NSA Helped CIA Outmanoeuvre Europe on Torture: new Secret docs re NSA spying https://t.co/RuF3Drp9a7#NSAUApic.twitter.com/U6pO5aYRhk
— WikiLeaks (@wikileaks) 20 Juillet 2015
La liste montre que les pratiques de surveillance remontent à l’époque pré-11 septembre, certains numéros correspondant à des bureaux de Bonn, la liste incluant par exemple Joschka Fischer, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères de 1998 à 2005.
Wikileaks avait averti via son compte Twitter une publication imminente de nouveaux documents.
Parmi les documents rendus publics par WikiLeaks, on trouve une étrange conversation du ministre des Affaires étrangères. Frank-Walter Steinmeier qui vient de rencontrer son homologue américaine, Condoleezza Rice, aux Etats-Unis (novembre 2005) se dit en effet «soulagé de ne pas avoir obtenu de réponse définitive du département d’Etat américain à propos des informations parues dans la presse sur les vols de la CIA passant par l’Allemagne et à destination de prisons secrètes qui seraient utilisées pour interroger des terroristes suspects».
On se rend donc compte que cet embarrasant sujet des survols illégaux de la CIA post-11 septembre, en vue de torturer des suspects dans ses prisons secrètes est donc mis sous le tapis par une Allemagne soucieuse de garder de bonnes relations diplomatiques avec son grand allié américain. «Frank-Walter Steinmeier: rien vu, rien entendu» parodie WikiLeaks dans son tweet !
Le mois dernier, le site d'informations avait par ailleurs révélé que les chanceliers allemands et les présidents français avaient été écoutés par la NSA et que l'agence s'était aussi particulièrement interressée à l'économie française.
Julian Assange, éditeur en chef de Wikileaks en profite pour livrer son analyse : «la publication d’aujourd’hui indique que la NSA a été utilisée par la CIA pour kidnapper et torturer en toute impunité. Durant des années, la CIA a systématiquement enlevé et torturé des gens, avec la complicité tacite des gouvernements européens».
Les réactions commencent déjà à enflammer la toile de l'autre côté du Rhin.
Arme #NSA! Steinmeier abhören, stell ich mir seeehhhrrrr langweilig und langwierig vor! #wikileaks
— Felix Kasten (@sptvmag) 20 Juillet 2015
Wikileaks: NSA spähte Steinmeier offenbar systematisch aus http://t.co/RlSCOh3G7Q via @zeitonline
— Michael Arnold (@TuurAmash) 20 Juillet 2015