«La démocratie n'est pas en marche» : le titre de la tribune signée par une centaine d'adhérents de La République en marche (LREM) est lapidaire mais clair. Ces «100 démocrates», comme ils se surnomment, annoncent qu'ils quitteront prochainement le parti, probablement la veille du congrès, prévu ce 18 novembre à Lyon, et qui devrait voir l'élection sans surprise de Christophe Castaner comme délégué général de LREM. Des élus feraient également partie des démissionnaires.
Dans cette lettre, les signataires fustigent le fonctionnement interne de LREM : «Sous le poids des process marketing, des #LoveLaRem, #LoveLaTeamMacron, les piliers de la démocratie se sont effondrés entraînant dans leur chute l'engouement et la motivation des marcheurs. Le prochain "sacre" de Christophe Castaner, élu à la tête du parti, avant l'heure en l'absence de concurrents, laisse peu d'espoirs aux militants en attente de démocratie.»
En effet, alors que Christophe Castaner est actuellement le porte-parole du gouvernement, ce dernier aurait été choisi – voire imposé – par Emmanuel Macron, pour prendre la tête du parti. En outre, alors que LREM revendique près de 380 000 adhérents, seuls un collège d'élus, de ministres, de cadres et 200 militants tirés au sort vont se charger de désigner leurs dirigeants. Autant de sources de frustration pour ces «marcheurs» en quête de démocratie.
LREM, digne de «l'ancien monde»
Se décrivant aussi comme «100 humanistes», ces militants de la première heure emploient un ton sans concession, dévoilant le paradoxe d'un parti qui partait pourtant «d'un postulat, d'une idée, de la volonté de construire un "nouveau monde politique"». Ainsi, il affirment se sentir «dans un vide idéologique navrant où seul demeure le jeu pervers de la courtisanerie, censé appartenir à "l'ancien monde politique"».
Ces critiques envers LREM ne sont pas nouvelles. Le 23 juillet, un collectif d'adhérents avait saisi la justice pour dénoncer les nouveaux statuts du parti. Au micro de BFMTV, l'un des membres regrettait d'ailleurs la tournure prise par les événements : «On s’est retrouvé avec des statuts, en quelque sorte, imposés par le QG. On a essayé de les avertir, de leur dire qu’on aimerait débattre, c’est la démocratie, c’est participatif, et on a eu une fin de non-recevoir.»
Lancé le 6 avril 2017, le jeune parti LREM se voit déjà sous le feu de nombreuses polémiques. Le Canard enchaîné révélait le 12 juillet que les députés LREM avaient reçu la consigne de ne pas cosigner des amendements ou des propositions de loi «issus d’un autre groupe parlementaire», sous peine de se voir exclus du parti.