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La Russie émet un mandat d'arrêt international contre l’informateur de l'Agence mondiale antidopage

La justice russe a émis un mandat d'arrêt international contre l'ex-directeur du laboratoire antidopage de Moscou, réfugié aux Etats-Unis. A l’origine du scandale touchant le sport russe, il est visé en Russie par une enquête pour abus de pouvoir.

«L'accusation a lancé un avis de recherche international contre [Grigori] Rodtchenkov», a déclaré le 28 septembre Iounona Tsareva, porte-parole du tribunal Basmanny à Moscou. Dans le cadre d’une enquête pour abus de pouvoir ouverte en juin 2016, le tribunal a en outre ordonné le placement en détention de l’ancien chef du laboratoire antidopage de Moscou, précisant que cette décision avait été prise le 21 septembre.

Iounona Tsareva a ensuite annoncé que les avocats de Grigori Rodtchenkov avaient fait appel de cette décision, dans des propos rapportés par l'agence de presse russe Interfax.

Grigori Rodtchenkov était le patron du laboratoire antidopage de Moscou jusqu'à son départ brutal en novembre 2015, après la publication des premières révélations de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Une commission spéciale de l'AMA avait alors dénoncé une «culture de dopage» dans le sport russe, accusant spécifiquement Rodtchenkov d'avoir détruit des centaines d’échantillons dans son laboratoire pour dissimuler les faits de dopage. Des accusations qu’il avait à l’époque rejetées.

L’AMA réclamant son limogeage, Grigori Rodtchenkov avait choisi de démissionner. Ce scandale avait conduit la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) à suspendre la Russie de toute compétition internationale, suspension qui est toujours d'actualité.

Disant craindre pour sa vie après la mort subite de deux responsables du laboratoire antidopage de Moscou en février 2016, Grigori Rodtchenkov s'est réfugié aux Etats-Unis – qui n'a signé aucun accord d'extradition avec la Russie – d'où il a lancé ses accusations contre les autorités russes.

Il a notamment assuré en mai 2016 dans les pages du New York Times que des dizaines d'athlètes russes, dont 15 médaillés olympiques, avaient profité d'un système de dopage organisé et supervisé par les services secrets russes lors des Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. Ces révélations avaient conduit l'AMA à commander au juriste canadien Richard McLaren un rapport sur le dopage en Russie, qui a conclu à l'existence d'un «système de dopage d'Etat» contrôlé, selon McLaren, par le ministère des Sports russe.

Des accusations balayées par Moscou

Depuis le début du scandale, la Russie rejette toute idée de système de dopage d'Etat, insistant sur les responsabilités individuelles des sportifs dopés et des responsables de l'Agence russe antidopage (Rusada) ou du laboratoire antidopage.

Après la publication du rapport de l'AMA, Moscou a annoncé un programme fédéral pour lutter contre le dopage, et prôné la «tolérance zéro» à son encontre. D’ailleurs, en février 2017, l’AMA avait reconnu ne pas disposer d’assez d'éléments pour prouver que les athlètes russes s'étaient dopés, avant d’annoncer en septembre qu’elle s’apprêtait à blanchir 95 des 96 sportifs dont elle a pour l'instant examiné le cas.

En juin 2016, le Comité d'enquête russe, en charge des grandes affaires criminelles, avait ouvert une enquête pour «abus de pouvoir» contre Grigori Rodtchenkov, une peine pour laquelle il risque jusqu'à sept ans de prison. Selon les autorités russes, Grigori Rodtchenkov a agi de sa propre initiative en détruisant les échantillons de sportifs russes à la veille du passage d'une commission d'enquête de l'AMA.

Le vice-président du Comité d'enquête, Ilia Lazoutov, avait déclaré en novembre 2016 que des preuves suggéraient que Grigori Rodtchenkov avait «utilisé sa position depuis longtemps pour inciter les athlètes à se doper, y compris pour un profit matériel». L’ex-responsable avait fait l’objet en 2011 d’une enquête pour vente illégale de stéroïdes en Russie, et sa sœur avait été condamnée à 18 mois en prison pour le même motif en 2013.