Des Catalans outrés dans les rues après l'arrestation du bras droit du vice-président (IMAGES)
- Avec AFP
La garde civile espagnole a arrêté le bras droit du vice-président du gouvernement de Catalogne et perquisitionné au siège de l'exécutif régional, des enquêtes tous azimuts étant menées pour empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination.
«La police militaire espagnole [sic] est entrée dans les bureaux du gouvernement de Catalogne», a annoncé un porte-parole du gouvernement catalan, évoquant les départements des Affaires économiques, des Affaires extérieures et la présidence de la région.
Une source proche de l'enquête a confirmé à l'AFP que cette opération était en cours, sans autre commentaire.
Les forces de l'ordre ont ensuite arrêté le bras droit du vice-président catalan Oriol Junqueras, chargé de l'Economie et en première ligne pour l'organisation du référendum interdit.
Il s'agit de Josep Maria Jove, secrétaire général de la vice-présidence, a confirmé une source du département d'Economie de l'exécutif catalan.
Les motifs de l'arrestation n'ont pas été annoncés. Mais Madrid avait prévenu les dirigeants et fonctionnaires catalans qu'ils ne pouvaient pas coopérer à l'organisation du «scrutin illégal» du 1er octobre.
VÍDEO Concentració davant el domicili de Josep Maria Jové, secretari general d'Economia i Hisenda, detingut https://t.co/dA5yPm79g9pic.twitter.com/nw3seTyKjW
— NacióDigital (@naciodigital) 20 septembre 2017
La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs des militants indépendantistes qui ont commencé à affluer aux abords du siège du département d'Economie.
Someone has brought a ballot box to the protest outside the regional economy ministry in Barcelona.
— The Spain Report (@thespainreport) 20 septembre 2017
Via @marga_rigapic.twitter.com/bKYx1YGM1m
Vers 10h, plusieurs centaines de manifestants étaient massés devant le bâtiment. «Les forces d'occupation dehors!», criaient certains.
Gran Via de les Corts tallada per manifestants @La_Directapic.twitter.com/vozf5jMvid
— Jesús Rodríguez (@albertmartnez) 20 septembre 2017
«Nous voterons pour être libres», lisait-on sur des pancartes.
«Je suis si indignée que j'ai décidé de venir ici», a déclaré à l'AFP une manifestante, Anna Sola, 45 ans. «On attaque nos institutions.... Le 1er octobre je compte voter, s'il le faut nous nous lèverons à 5h, nous irons au bureau de vote et, comme aujourd'hui : qu'on nous déloge !»
«Retirez vos mains sales»
De très vifs échanges ont aussi eu lieu au parlement espagnol. Les députés catalans du parti PDeCAT (conservateur indépendantiste) du président de la région Carles Puigdemont ont quitté l'hémicycle.
«Retirez vos mains sales des institutions de Catalogne», a lancé au chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy le député Gabriel Rufian du parti indépendantiste de gauche ERC (Gauche républicaine de Catalogne).
«La volonté du peuple de Catalogne ne peut être arrêtée», a-t-il aussi tonné, ajoutant : «Et maintenant nous partons pour soutenir nos amis!»
Le députés ont ensuite quitté le parlement, certains dénonçant l'arrestation de plusieurs responsables du gouvernement catalan.
Mariano Rajoy avait auparavant assuré qu'il ne faisait que son devoir et avait déclaré : «Il s'agit d'une opération judiciaire qui est faite pour faire respecter la loi.»
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Ces perquisitions et arrestations interviennent alors que les opérations de police se sont intensifiées depuis le week-end, avec la multiplication de saisies de matériel électoral, notamment des affiches et de la propagande électorale.
Mardi la garde civile s'est félicitée d'avoir saisi 45 000 convocations destinées aux assesseurs des bureaux de vote qui doivent être en place pour le référendum, convoqué unilatéralement par la région.
Selon un communiqué de la garde civile diffusé mardi soir, cela représente 80% des convocations nécessaires pour doter les bureaux d'assesseurs.
Ces saisies sont intervenues dans plusieurs locaux de l'entreprise de courrier privé Unipost, selon la même source.
A Terrassa, à 28 km au nord-ouest de Barcelone, des militants indépendantistes s'étaient postés devant les bureaux de cette entreprise, en tentant de bloquer l'accès au représentant de la justice qui venait délivrer un ordre de perquisition. Ils ont finalement été délogés par la police.
En parallèle, le ministère du Budget a gelé les finances de l'exécutif catalan, après avoir décidé de se charger directement du paiement des factures, ce qui réduit drastiquement l'autonomie financière de la région.
Les séparatistes sont majoritaires en sièges au parlement catalan depuis septembre 2015. Mais les Catalans sont très partagés sur la question de l'indépendance, selon les sondages.
Aux élections régionales en 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,6% des suffrages et le camp soutenant le maintien en Espagne 51,28%.
Plus de 70% des Catalans souhaitent cependant pouvoir s'exprimer à travers un référendum en bonne et due forme, selon tous les sondages.