L'affaire porte un nouveau coup aux relations houleuses entre la Turquie et l'Allemagne : la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Maria Adebahr, a dénoncé le 1er septembre l'arrestation de deux ressortissants allemands en Turquie le 31 août.
Selon la porte-parole, l'information a en effet été transmise au consulat général d'Izmir par des sources non officielles, puis confirmée par la police de l'aéroport d'Antalya (dans le sud du pays) où les interpellations ont eu lieu.
Les autorités consulaires allemandes n'ont pu ni rencontrer ni s'entretenir avec ces deux personnes, si bien que Maria Adebahr a refusé de donner toute autre précision sur l'affaire et sur l'identité des personnes arrêtées.
Berlin exige la libération de tous ses ressortissants
La chancelière allemande Angela Merkel, citée par l'agence Deutsche Presse-Agentur (dpa), a déclaré que ce type d'arrestations étaient «dans la plupart des cas sans fondement» et qu'elles n'avaient rien à voir avec «les principes de l'Etat de droit». «C'est pourquoi nous devons aussi réagir de façon déterminée», a-t-elle ajouté, tout en réaffirmant son refus «dans de telles circonstances» de discuter avec Ankara d'une union douanière élargie avec l'Union européenne.
Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel, a de son côté insisté sur le fait que Berlin exigeait d'Ankara la libération de tous les ressortissants allemands détenus pour des «motifs injustifiés».
Ces deux nouvelles incarcérations portent à douze le nombre d'Allemands que Berlin considère comme des détenus politiques en Turquie. Quatre d'entre eux ont la double nationalité.
Le cas le plus emblématique est celui du Germano-Turc Deniz Yücel, correspondant du journal Die Welt en Turquie. Il est détenu depuis fin février pour propagande «terroriste» et incitation à la haine. Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a même qualifié de séparatiste kurde et d'«agent allemand».
Relations turco-allemandes au plus bas
Les relations entre la Turquie et l'Allemagne se sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016. Ankara accuse notamment Berlin de faire preuve d'indulgence envers des «terroristes», en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés.
L'Allemagne, quant à elle, condamne fermement l'ampleur des purges entreprises en Turquie depuis cette tentative avortée de coup d'Etat. Plus de 50 000 personnes ont été arrêtées depuis dans l'ensemble du pays.
Les deux pays se sont aussi opposés sur la qualification de génocide, par les députés allemands, du massacre des Arméniens dans l'empire Ottoman au début du XXe siècle, ou encore sur des satires télévisées allemandes visant le président turc.
Dernier différend en date, au mois d'août, le président turc a appelé les Turcs d'Allemagne à ne voter ni pour le parti chrétien-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, ni pour le Parti social-démocrate (SPD), ni pour les Verts (soit trois des principaux partis du pays), lors des élections fédérales de septembre, qualifiant ces formations politiques d'«ennemis de la Turquie». L'Allemagne, qui compte quelque 3 millions de personnes d'origine turque, dont environ la moitié peuvent voter, a dénoncé une ingérence inacceptable d'Ankara dans ses affaires intérieures.