Signe de l'impatience croissante de Washington face au rôle joué par Riyad dans la crise entre le Qatar et ses voisins, une porte-parole de la diplomatie américaine a douté ouvertement de la justification donnée par les alliés du Golfe, qui accusent le Qatar de «soutenir le terrorisme».
«Maintenant que cela fait plus de deux semaines que le blocus a commencé, nous sommes perplexes face au fait que les Etats du Golfe n'aient pas donné au Qataris ni au public de précisions sur leurs accusations visant le Qatar», a déclaré Heather Nauert.
«Plus le temps passe, plus le doute s'installe à propos des actions entreprises par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis», a-t-elle ajouté, visant directement ces deux proches alliés de Washington.
«A ce stade, nous faisons face à une question simple : est-ce que ces actions découlaient véritablement de leurs inquiétudes face au soutien présumé du Qatar au terrorisme ?», a asséné la porte-parole. «Ou est-ce qu'elles découlaient des griefs anciens entre les pays du GCC» (le Conseil de coopération du Golfe), a-t-elle ajouté.
Ces déclarations surviennent après deux jours passés par le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, au téléphone avec de hauts responsables du Golfe.
Chargé par le président américain Donald Trump de trouver une issue à cette crise, ce dernier a passé au moins 20 appels à Riyad et Doha, selon la porte-parole.
«Nous encourageons toutes les parties à calmer les tensions et à s'engager dans un dialogue constructif», a souligné Heather Nauert.
Des responsables américains ont démenti que ces déclarations signalaient un changement de position de Washington, mais elles tranchent toutefois nettement avec les déclarations de Donald Trump, qui avait semblé au départ prendre position en faveur de l'Arabie saoudite face au Qatar.
Le président américain avait ainsi accusé Doha le 10 juin d'avoir, au cours de l'histoire, «financé le terrorisme à un très haut niveau», faisant écho aux accusations de Ryad.
Mais le département d'Etat a envoyé des signaux plus nuancés depuis le début de la crise, appelant le Qatar à «répondre aux inquiétudes de ses voisins» tout en demandant à l'ensemble des pays de la région de renforcer la lutte contre le djihadisme et d'assécher le financement des groupes extrémistes.
Le Qatar abrite la base militaire américaine stratégique d'Al-Udeid, qui héberge près de 10 000 soldats américains et joue un rôle primordial dans les opérations contre Daesh en Irak et en Syrie.
L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu début juin leurs relations diplomatiques avec le Qatar, qu'ils accusent de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran, rival régional du royaume saoudien. Parmi eux, les pays du Golfe ont fermé leurs frontières terrestres et maritimes avec le richissime émirat gazier et lui ont imposé de sévères restrictions aériennes.
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