Le chancelier autrichien Christian Kern (SPO) et le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel (SPD) ont annoncé le 15 juin dans un communiqué qu'ils saluaient le nouveau projet de loi sur les sanctions anti-russes voté la veille par le Sénat des Etats-Unis.
Mais, s'ils voient d'un œil bienveillant les sanctions «politiques» contre Moscou, Berlin et Vienne condamnent en revanche «toute action économique envers les infrastructures énergétiques russes». la Russie est en effet le principal fournisseur de pétrole et de gaz naturel de l'Union européenne (UE), selon le Sénat français.
Ainsi, les auteurs du communiqué commun abondent dans le sens du Sénat américain en début de déclaration, rappelant que l'UE condamnait fermement «l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et les actions de Moscou dans l'Est de l'Ukraine», et qu'une «action ferme et conjointe» des Etats-Unis et de l'UE pour résoudre le conflit en Ukraine était dans leur intérêt commun.
Toutefois, le ton change radicalement au paragraphe suivant : «Nous ne pouvons accepter, cependant, la menace de sanctions extraterritoriales illégales contre des entreprises européennes qui participent au développement de l'offre européenne d'énergie ! [...] Les sanctions politiques ne devraient en aucun cas empiéter sur les intérêts économiques !»
Berlin et Vienne semblent ainsi s'inquiéter sérieusement des menaces pesant sur les entreprises européennes impliquées dans des projets énergétiques avec la Russie, tel celui de Nord Stream II.
«Cela [les sanctions dans le domaine énergétique] met en jeu la compétitivité de notre industrie et des milliers d'emplois. Nous appuyons donc fermement les efforts déployés par le département d'Etat américain afin de modifier ce projet de loi», poursuit le communiqué.
«L'approvisionnement énergétique de l'Europe est une question européenne qui ne concerne en rien les Etats-Unis d'Amérique. C'est à nous [les pays européens] et non aux Etats-Unis de décider de qui nous livre notre énergie et de quelle façon», ont fait savoir de façon très claire les auteurs du document, qui appellent dont expressément Washington à «ne pas mélanger les intérêts politiques et économiques».
Le 14 juin, les sénateurs américains se sont prononcés à une écrasante majorité (97 voix contre 2) pour une nouvelle salve de sanctions antirusses.
La mesure inscrirait dans la loi les sanctions imposées par décret par Barack Obama, notamment contre l'industrie énergétique russe, et frapperait également des personnalités russes «corrompues», «impliquées dans des violations graves des droits de l'homme» ou encore fournissant des armes au gouvernement du président syrien Bachar el-Assad.