Economie

Vladimir Poutine : «Les sanctions nous ont obligé à mettre nos cerveaux en marche»

Après l'annonce de nouvelles mesures contre Moscou prises par le Sénat américain, le président russe, dans une émission télévisée, a fustigé cette décision, affirmant que Washington trouverait n'importe quel prétexte pour s'en prendre à la Russie.

Alors qu'il s'exprimait le 15 juin pour la 15e édition de la traditionnelle «ligne directe» avec les citoyens russes, le président russe Vladimir Poutine est revenu sur la nouvelle mesure votée la veille par le Sénat américain et qui prévoit de nouvelles sanctions économiques contre Moscou.

Ce nouvel amendement permettrait notamment «de nouvelles sanctions sur les secteurs clés de l'économie russe, y compris le secteur minier, les transports maritimes et les chemins de fer» et autoriserait «une assistance pour renforcer les institutions démocratiques et contre la désinformation dans les pays d'Europe centrale et orientale qui sont vulnérables à l'agression et à l'ingérence russes».

S'il n'y avait pas eu la Crimée, ils auraient de toute façon inventé un autre prétexte pour contenir la Russie

La décision de Washington a provoqué une indignation sobre chez Vladimir Poutine, qui tout en condamnant les nouvelles sanctions, a fait part d'un certain fatalisme vis-à-vis de la situation tendue entre les Etats-Unis et la Russie. 

«Le Sénat américain vient de faire passer un nouveau train de sanctions contre la Russie. D'ailleurs, pourquoi ? Il ne se passe pourtant rien de particulièrement extraordinaire. Comment se fait-il qu'on se mette tout à coup à nous parler à nouveau de sanctions ? S'il n'y avait pas eu la Crimée, ils auraient de toute façon inventé un autre prétexte pour contenir la Russie.»

Nous avons été obligés de faire marcher nos cerveaux pour commencer à vivre d'autre chose que des pétrodollars

Le président russe s'est par ailleurs voulu rassurant par rapport à la situation économique du pays, rappelant que les sanctions américaines ont également eu un impact positif sur une importante partie de l'industrie russe, notamment dans les domaines de l'ingénierie des missiles, le secteur automobile et l'agriculture. 

Aussi, les dommages causés par les sanctions ne touchent pas que la Russie, selon Vladimir Poutine. Si les estimations de l'ONU avancent que les sanctions ont causé des pertes d'environ 50 milliards de dollars à la Russie (environ 1% de son PIB), elles ont également fait perdre près de 100 milliards de dollars à l'ensemble des pays qui ont approuvé les mesures antirusses.

«Les sanctions occidentales ont évidemment impacté notre économie, mais cette dernière a surtout souffert d'éléments économiques extérieurs, notamment la baisse des prix du pétrole, du gaz, des marchandises issues de l’industrie lourde», a tenu à corriger Vladimir Poutine. 

«Nous avons été obligés de faire marcher nos cerveaux pour commencer à vivre d'autre chose que des pétrodollars», a-t-il ajouté.

Ne reconnaissant pas l'adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie après le référendum de 2014, les Etats-Unis, l'Union européenne et leurs partenaires ont adopté des sanctions contre Moscou et plusieurs sociétés publiques et privées russes.

En retour, la Russie a également entrepris un embargo sur de nombreux produits et marchandises occidentaux. En juin 2016, Vladimir Poutine a signé un décret visant à prolonger ces contre-sanctions jusqu’à la fin de l'année 2017.

Cet embargo, qui concerne aussi bien certains produits agricoles, matières premières ou produits d’alimentation, restera donc en place dans le sillage de la décision des pays de l’Union européenne d’étendre formellement leurs propres restrictions vis-à-vis de Moscou.

Lire aussi : Poutine affirme que l'embargo sur les produits occidentaux durera «le plus longtemps possible»