Selon le résumé de l'enquête militaire, rendu public le 25 mai par le Pentagone, le bombardement américain du 17 mars, qui a fait 105 victimes civiles, visait deux snipers de Daesh installés dans une belle demeure de Mossoul. Leur localisation avait été demandée par les forces anti-terroristes irakiennes (CTS) menant l'assaut dans le quartier.
Ces forces, postées à moins de 100 mètres depuis deux jours, n'avaient pas décelé la présence de dizaines de civils qui s'étaient réfugiés dans la maison, à l'invitation du propriétaire. La coalition était en outre privée depuis deux jours de ses habituelles images vidéos prises par drone, en raison du mauvais temps.
La décision a été prise d'éliminer les deux snipers avec une bombe relativement légère GBU-38 d'environ 87 kilogrammes d'équivalent TNT, ne devant toucher que l'étage où se trouvaient les deux djihadistes. Mais la déflagration a provoqué une puissante «explosion secondaire» qui a fait s'effondrer tout le bâtiment, prenant au piège 101 personnes qui s'y étaient réfugiées et quatre voisins, selon le rapport d'enquête.
Les enquêteurs ont établi que Daesh avait placé des explosifs dans la maison, retrouvant des résidus chimiques d'explosifs utilisés par les djihadistes comme la nitroglycérine ou du cordon explosif. Ils soupçonnent Daesh, sans en avoir la preuve formelle, d'avoir délibérément piégé le bâtiment, avec la volonté d'attirer une attaque de la coalition et de provoquer une bavure.
Chercher à provoquer des bavures est une tactique connue de Daesh, selon le général américain Matt Isler qui affirme que, le 28 mars, un drone de la coalition a filmé une telle tentative par les djihadistes à Mossoul.
Le général Isler n'a pas exclu que des familles de victimes puissent recevoir une indemnité du Pentagone.
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Le bombardement du 17 mars porte à 501 le nombre de morts civils reconnus par la coalition depuis le début de ses bombardements contre Daesh en août 2014 – mais de nombreux cas font encore l'objet d'enquêtes et le bilan réel pourrait être nettement plus lourd.
L'ONU a fermement condamné par la voix de son haut-commissaire aux droits de l'homme Zeid Ra'ad al-Husein «les pertes massives de vies civiles» dans l'ouest de Mossoul, où au moins 307 civils ont été tués depuis le 17 février. «Le grand nombre de civils tués laisse penser que les forces de la coalition n'ont pas pris les précautions adéquates pour éviter leurs morts, en violation flagrante du droit international humanitaire, ce qui pourrait constituer une crime de guerre,» a de son côté commenté Amnesty international par la voix de sa conseillère Donatella Rovera.
Les forces irakiennes appuyées par la coalition internationale anti-djihadistes conduite par Washington ont lancé mi-octobre une vaste offensive pour chasser les djihadistes de Daesh de Mossoul, la deuxième ville d'Irak. Elles se sont emparées fin janvier de la partie orientale de la ville et ont lancé mi-février un assaut sur la partie ouest, densément peuplée.