Le 19 mai, le site lanceur d'alerte WikiLeaks, dont Julian Assange est le fondateur, a annoncé sur son compte Twitter que la Suède avait abandonné ses charges contre ce dernier et que son mandat d'arrêt serait révoqué. L'information a été confirmée par la justice suédoise.
Difficile de dissocier WikiLeaks de son charismatique fondateur. Génie persécuté pour les uns, manipulateur paranoïaque pour les autres, il est avec son site WikiLeaks, à l'origine de nombreuses affaires et scandales ayant défrayé la chronique ces 10 dernières années.
Accusations de viol et bras de fer de plusieurs années
Sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la Suède dans le cadre d'une enquête pour viol depuis 2010, Julian Assange s'est réfugié en juin 2012 dans les locaux de l'ambassade d'Equateur à Londres. En restant sur le territoire britannique, il craignait d'être extradé vers in fine vers les Etats-Unis – et d'y être jugé pour la publication par WikiLeaks de milliers de documents confidentiels issus de la diplomatie et de l'armée américaines (voir plus bas). Le parquet suédois a annoncé le 19 mai qu'il classait l'affaire.
La police britannique a néanmoins fait savoir qu'elle arrêterait l'Australien de 45 ans s'il sortait de l'ambassade équatorienne, car il n'a pas respecté en 2012 les conditions de sa liberté sous caution, en se réfugiant à l'ambassade d'Equateur.
Assange, bête noire de Washington depuis 10 ans
Le site lanceur d'alerte WikiLeaks, lancé par Julian Assange en 2006, donne des sueurs froides à l'administration américaine depuis plus de 10 ans. Le 28 novembre 2010, il publie avec l'aide de cinq grands médias internationaux (The New York Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde et El Pais), plus de 250 000 documents secrets révélant les dessous de la diplomatie américaine. Après ce «cablegate», Julian Assange est devenu l'une des bêtes noires des autorités américaines.
Il est ensuite allé crescendo dans ses révélations, publiant notamment la vidéo d'une bavure de l'armée américaine en Irak, puis des milliers de documents militaires sur la présence américaine en Afghanistan.
Depuis cette affaire, Julian Assange est poursuivi par les autorités américaines pour espionnage. Il y risque donc une peine de prison à vie et potentiellement la peine capitale.
L'affaire Chelsea Manning
Le «cablegate» n'aurait pas été possible sans le militaire américain Chelsea Manning, anciennement Bradley Manning, qui a transmis à WikiLeaks plus de 700 000 documents confidentiels.
En août 2013, elle a été condamnée à 35 ans de prison par une cour martiale. Après avoir passé sept ans dans une prison militaire, elle a été libérée le 17 mai à la faveur d'une peine commuée par l'ex-président Barack Obama.
Un autre lanceur d'alerte, Edward Snowden, ex-employé de la NSA à l'origine de révélations sur des programmes de surveillance de masse, a bénéficié du soutien actif de WikiLeaks bien qu'il n'ait pas choisi le site pour se confier. Julian Assange l'a très vite pris sous son aile, lui recommandant de s'exiler à Moscou pour échapper à la justice américaine.
Lire aussi : «L'exemple courageux de Chelsea Manning a ouvert la voie à Snowden et Assange»
Les autres révélations phares de Wikileaks
L'une des premières cibles de WikiLeaks a été l'Eglise de Scientologie, que l'organisation de Julian Assange, en s'appuyant sur de nombreuses données internes, a qualifié de «secte à vocation lucrative».
Le sort des prisonniers de la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, a également fait grand bruit après que WikiLeaks a révélé les traitements inhumains qu'y subissaient les détenus.
A plusieurs occasions, WikiLeaks a donné accès aux textes de projets d'accords commerciaux de grande envergure, tels que l'Accord de partenariat transpacifique (TTP) ou le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP), négociés en secret.
L'affaire du piratage de Sony, de la corruption des Etats du Moyen-Orient et des mails du Parti démocrate américain sont également inscrits au «tableau de chasse» du site de Julian Assange.