Julian Assange : La détention et l'extradition sans charges est devenue banale dans l'UE
Le fondateur de WikiLeaks a livré une déclaration publique depuis l'ambassade d'Equateur, où il vit en exil, après l'annonce par la Suède de l'abandon des charges pesant contre lui, en lien avec une enquête préliminaire au sujet d'un viol présumé.
Le parquet suédois a annoncé qu'il abandonnait ses poursuites pour viol contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, le 18 mai, refermant une saga judiciaire qui durait depuis 2010. L’Australien a pris la parole, en fin d'après-midi, depuis l'ambassade d'Equateur à Londres.
«Aujourd'hui est une immense victoire, non seulement pour moi, mais pour les droits de l'homme dans leur ensemble. Durant cinq ans, j'ai été assigné à résidence dans cette ambassade, sans pouvoir voir la lumière du jour, pendant que mes enfants grandissaient sans moi. C'est quelque chose que je ne pourrai jamais pardonner, ni oublier, car j'ai subi une immense injustice», a déclaré Julian Assange depuis le balcon de l'ambassade d'Equateur.
«Il ne s'agit pas que de moi. La réalité est que la détention et l'extradition en l'absence de toutes charges est devenue chose banale dans le fonctionnement judiciaire de l'Union européenne. Cette fonctionnalité a été utilisée contre moi pour des raisons politiques. Mais elle pourrait toucher beaucoup d'autres personnes, leur faisant subir cette même terrible injustice», a-t-il poursuivi.
L'extradition sans charges est une mesure qui a été introduite par le gouvernement de Bruxelles dans le but de faire de l'Union européenne un Etat fédéral à part entière
«Je rappelle qu'en Suède, bien que la perpétuité n'existe pas officiellement, une personne peut être emprisonnée sans limite de temps [selon le droit suédois, la peine peut être reconduite à l'infini]. De plus, une personne peut y être détenue indéfiniment sans charges. Ce n'est pas comme cela que nous voyons une nation civilisée», a expliqué le fondateur de WikiLeaks.
«De même, l'extradition sans charges est une mesure qui a été introduite par Bruxelles dans le but de faire de l'Union européenne un Etat fédéral à part entière. En 2014, en lien avec mon cas et d'autres abus, le Royaume-Uni a modifié sa loi pour que cette extradition ne puisse pas avoir lieu. Mais c'est toujours le cas dans beaucoup d'autres pays européens», a-t-il argué.
«Merci à l'Equateur pour son soutien immense malgré la pression du système de l'Union européenne qui a pénalisé les exportations équatoriennes. Merci à mon équipe pour son travail bénévole et à toutes les personnes qui m'ont soutenu», a conclu le lanceur d'alerte à la fin de cette intervention, très attendue par la presse.
Celui qui vit réfugié dans l'ambassade d'Equateur à Londres a célébré l'«importante victoire», que constitue l'abandon des poursuites de la justice suédoise à son encontre. Cela ne l'a pas empêché de faire savoir que la «guerre» ne faisait que commencer. «WikiLeaks ne sera jamais toléré et les procédures contre WikiLeaks vont s'intensifier à l'avenir», a-t-il prévenu, avant de quitter le balcon sans répondre aux questions des journalistes.
Julian Assange souhaite discuter avec les autorités britanniques et américaines
Même si les charges de la justice suédoises à l'encontre de Julian Assange ont été abandonnées, la police britannique a fait savoir que le lanceur d'alerte serait arrêté s'il quittait l'ambassade d'Equateur à Londres, où il vit depuis 2012. En 2012 justement, en se réfugiant à l'ambassade d'Equateur, il n'avait pas respecté les conditions de sa liberté sous caution. Le fondateur de WikiLeaks a justement fait savoir, lors de son discours, qu'il espérait «un dialogue sur la meilleure façon d'avancer» avec les autorités britanniques.
Il a ajouté qu'il souhaitait engager un dialogue avec le département de la Justice américain. Julian Assange fait l'objet d'une enquête aux Etats-Unis depuis 2010, pour avoir publié sur le site de son organisation des milliers de documents confidentiels américains.