«La démocratie est la religion de l'Occident» : un reportage lève le voile sur les rebelles d'Idlib
La chaîne Al Aan, basée à Dubaï, a diffusé un documentaire inédit sur la province syrienne d'Idlib. Tournées à l'aide de téléphones de façon discrète, ces images montrent un territoire contrôlé majoritairement par des djihadistes affilés à Al-Qaïda.
«Mes sources infiltrées étaient terrifiées à l'idée d'être attrapées par al-Nosra. Chaque fois qu'elles filmaient quelque chose, elles allaient près de la frontière turque pour m'envoyer leurs fichiers avant de les supprimer de leurs téléphones afin de ne rien laisser paraître lors des fouilles de téléphone réalisées par les djihadistes», a expliqué Jenan Moussa, la journaliste narrant le documentaire Infiltrés à Idlib, sur Twitter.
@akhbar 7/ I've sent 3 sources UNDERCOVER to Idlib, Syria. Below I explain why @akhbar did this.👇 Link to full report here> https://t.co/hdU2UqZi5Xpic.twitter.com/ZNE8q776rf
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 16 mai 2017
Trois personnes, toutes issues de l'opposition à Bachar el-Assad, ont accepté de réaliser ces images. «Les journalistes sont souvent kidnappés ou tués à Idlib, voir les deux», explique Jenan Moussa. Les trois sources risquaient elles-mêmes la mort si elles étaient surprises en train de filmer secrètement.
Au cours de ce documentaire inédit, on découvre que les murs de la province sont couverts de slogans extrémistes à la gloire d'Al-Qaïda, du djihad, ou encore contre la démocratie qualifiée de «religion de l'Occident».
@akhbar 4/ If u don't speak Arabic, here some slogans on Idlib walls:
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 15 mai 2017
1- Democracy is religion of West
2- Shia enemies of Islam
3- Zawahiri quote pic.twitter.com/azB3tNcmCv
«Même à Kafrenbel, ville longtemps considérée comme étant sous le contrôle de modérés, ces slogans sont partout», apprend-on en regardant le reportage. Les trois sources n'ont vu qu'une seule manifestation anti-djihadiste dans une ville ainsi qu'un graffiti dans une autre localité.
@akhbar 14/ Even in Kafrenbel banners now R signed: "AlQaeda in the land of Sham". Only in Maraat Nouman, population bold to resist Nusra. @akhbarpic.twitter.com/9t9ClM0jfc
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 16 mai 2017
Présentant une carte montrant tous les checkpoints contrôlés par les différents groupes djihadistes, le documentaire révèle que la ville de Khan Cheikhoun, au centre de l'attention internationale après la contamination chimique du mois d'avril, est contrôlée par al-Nosra. Sur toute la province, l'Armée syrienne libre ne contrôle qu'un seul checkpoint.
@akhbar 15/ This is important. I asked my sources to count all checkpoints they went thru on 3 main routes to know who is dominant in Idlib. @akhbarpic.twitter.com/7wQZ6VNyO1
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 16 mai 2017
«Il est vrai qu'il existe des modérés dans la province d'Idlib, mais ils ne contrôlent qu'un checkpoint et leurs quartiers généraux», affirme Jenan Moussa.
En pleins pourparlers de paix à #Astana, des rebelles de l'#ASL sont attaqués par #AlNosra en #Syriehttps://t.co/O1r6O71I8kpic.twitter.com/WVRtVtVQ5v
— RT France (@RTenfrancais) January 25, 2017
Concernant les chrétiens, ils ont pour la plupart, sauf pour les plus âgés, quitté la région, constate-t-on dans le reportage. Des devantures de maisons qui ont été confisquées aux chrétiens pour y loger des djihadistes gradés ont aussi été filmées.
Le documentaire fait également état de l'existence de manuels circulant entre les groupes djihadistes, imprimés en Turquie, expliquant notamment comment gérer les femmes esclaves.
@akhbar 11/ More slogans from Idlib:
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 16 mai 2017
- Woman as a whole is pudendum (like external genitals), even her nails
- Democracy is Shirk (polytheism) pic.twitter.com/EYvIvzAjmR
Bien que le Front al-Nosra ait officiellement changé de nom pour Jabhat Fatah al-Cham, le nom original datant de son affiliation avec Al-Qaïda reste utilisé par tous, dont l'administration, ainsi qu'en atteste des photos de documents officiels.
Le documentaire a été tourné avant son deuxième changement de nom, Hayat Tahrir al-Cham. Depuis, nombre de signes distinctifs d'al-Qaïda ont été effacés afin «d'éviter les bombardements américains et russes», stipule le reportage. «Clairement, le groupe veut cacher ses liens avec al-Qaïda», affirme la journaliste.
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