Le procureur général ukrainien a ouvert une enquête contre un ancien combattant soviétique de la Seconde Guerre mondiale, un Ukrainien juif du nom de Boris Stekliar, âgé aujourd'hui de 94 ans. Il est accusé d'avoir tué, il y a plus de 65 ans, des membres d’un groupe nationaliste ayant collaboré avec l'occupant nazi sur le territoire de l’Ukraine contemporaine, mais qui faisait partie de l'URSS au moment des faits. Ni le délai de prescription pénale normalement prévu, ni l’âge canonique du tueur présumé, n’ont dissuadé la justice ukrainienne d'ouvrir ce nouveau chapitre de sa lutte contre les symboles de l’ère soviétique, initiée par les autorités en 2015.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Boris Stekliar a pris part à d'importantes batailles des forces soviétiques, contribuant notamment à la victoire sur le nazisme dans l’est de l’Allemagne. Après la guerre, il a travaillé dans une ONG ukrainienne, le Centre national pour la défense des droits de l’homme, et a participé à des opérations pour le compte du Comité de la sécurité d'Etat de l'URSS (KGB), visant des groupes ultranationalistes ukrainiens, dont l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), qui avaient été liés à l'occupant nazi.
D’après un mémoire publié sous pseudonyme par un ancien agent du KGB, lors d'une de ces opérations, en 1952, un groupe de nationalistes ukrainiens armés avait été tué car ils résistaient au moment de leur interpellation. Parmi les nationalistes décédés figurait Nil Khassevitch, artiste et activiste politique qui était responsable de la propagande au sein de l'OUN et de l'UPA. De plus, il a occupé la fonction de juge dans un village ukrainien lors des années d’occupation nazie.
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Le gouvernement ukrainien considère officiellement Nil Khassevitch comme un «combattant pour l’indépendance ukrainienne», depuis 2015. Boris Stekliar, accusé du meurtre, assure néanmoins que Nil Khassevitch s'est suicidé, après avoir lui-même tué deux de ses complices.
La justice ukrainienne n'observe pas les délais de prescription pénale généralement prévus pour les affaires d'homicides pour les affaires qui concernent les «combattants pour l’indépendance ukrainienne».
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