«Je considère que c'est une situation très sérieuse, parce qu'il est désormais évident que l'information mensongère selon laquelle l'arme chimique aurait été employée par le gouvernement syrien est utilisée pour contourner la résolution 2254 qui prévoit un règlement politique du conflit avec la participation de toutes les parties syriennes pour se rabattre sur l'idée d'un changement de régime, si longtemps prônée», a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.
Il intervenait après le blocage par les pays occidentaux de la proposition de Moscou d’envoyer des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans la province d'Idlib pour y enquêter sur la soi-disant «attaque chimique» perpétrée par Damas.
«Nos homologues occidentaux ont ainsi montré la fragilité de leur position», a estimé le chef de la diplomatie russe. Il a notamment rappelé que les demandes de la Russie de révéler les sources que la France et l’Angleterre avaient utilisées pour tirer leurs conclusions de l'utilisation du gaz sarin à Khan Cheikhoun restaient sans réponse. Moscou leur a aussi demandé d’expliquer quand ils avaient reçu ces échantillons. «Nous sommes proches d'une situation dans laquelle cette organisation [l'OIAC] pourrait se discréditer», a conclu Sergueï Lavrov.
Plutôt, Jean-Marc Ayrault avait assuré que les services de renseignement français diffuseraient dans quelques jours la «preuve» démontrant que l'armée syrienne était à l'origine de l'attaque chimique présumée de Khan Cheikoun.
Un porte-parole du ministère de la Défense britannique avait aussi déclaré sur CNN que des analyses portant sur des échantillons de cheveux et de sang des victimes avaient été menées dans des laboratoires britanniques. Les résultats révèlent la présence de «sarin ou [d']une substance proche du sarin».
Le 20 avril, la Russie et l'Iran ont soumis au vote de l’OIAC de nouvelles propositions concernant l'attaque chimique présumée perpétrée le 4 avril dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun. Moscou et Téhéran ont demandé aux enquêteurs de se rendre non seulement à Khan Cheikhoun, pour vérifier l'utilisation présumée d'armes chimiques, mais aussi de visiter la base aérienne d'Al-Chaayrate d'où, selon Washington, auraient décollé des avions syriens chargés de bombes chimiques. Pourtant, 21 pays occidentaux, notamment la France et l’Angleterre, se sont exprimés contre cette proposition.
Assad : les Etats-Unis empêchent l’arrivée des délégations internationales à Khan Cheikhoun
Le président syrien a également écrit une lettre à l’ONU avec une demande d’envoyer une délégation d’experts à Khan Cheikhoun.
«Personne n’a été envoyé parce que les pays occidentaux et les Etats-Unis s’y opposent. Car s'ils viennent, ils verront que toute leur rhétorique sur ce qu'il s’est passé à Khan Cheikhoun, et ensuite à la base aérienne d’Al-Chaayrate, n’est basée que sur des mensonges», a-t-il précisé.
La communauté internationale accuse Damas d'avoir utilisé des armes chimiques pour frapper le village de Khan Cheikhoun, tuant 72 personnes, sans présenter de preuves. D'après Moscou et Damas, la contamination chimique aurait eu lieu à la suite d'un bombardement par l'aviation syrienne d'un dépôt d'armes contenant des gaz de combat appartenant aux djihadistes qui contrôlent la zone.