Moscou doute de l’interception américaine de communications concernant l’attaque chimique en Syrie
Le Pentagone justifie son agression de la Syrie par de fausses preuves, estime le ministère russe de la Défense après l'annonce par CNN que Washington disposerait d'échanges prouvant la culpabilité de Damas dans l’incident chimique de Khan Cheikhoun.
«Comme le veut ce qui est désormais une tradition, le Pentagone justifie systématiquement toute violation du droit international et toute agression américaine visant des Etats souverains par des preuves "incontestées" des atrocités. Et plus ces fausses preuves se révèlent artificielles, plus elles sont maintenues dans le secret». C'est en ces termes que le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a commenté l'annonce par les Etats-Unis d'une supposée interception d'enregistrements de militaires syriens évoquant les préparatifs d’une attaque chimique.
Selon le responsable russe, le fait que les services spéciaux américains continuent de dissimuler leurs preuves signifie qu'en réalité Washington n’en dispose pas.
La chaîne américaine CNN a annoncé le 13 avril, citant un haut fonctionnaire américain sous couvert de l'anonymat, que les militaires américains auraient intercepté des communications entre des militaires syriens et des experts chimiques concernant la préparation d’une attaque chimique au gaz sarin.
L’opposition syrienne a fait état le 4 avril d'une attaque chimique à Khan Cheikhoun. L'attaque aurait fait 80 morts et 200 blessés et l'opposition en a immédiatement imputé la responsabilité au gouvernement syrien. Damas a rejeté ces accusations et le ministère russe de la Défense a déclaré pour sa part que l’aviation syrienne avait en réalité détruit un entrepôt où l’opposition dite «modérée» conservait des stocks d'armes chimiques dont certaines devaient être envoyées en Irak.
Sans attendre qu'une enquête soit menée ou fournir de preuves de l’implication du gouvernement syrien, les Etats-Unis ont tiré le 7 avril 59 missiles contre la base militaire syrienne d'Al-Chaayrate, d’où, d’après Washington, l’attaque chimique présumée aurait été effectuée. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a de son coté déclaré que l’armée syrienne n’utilisait d’armes chimiques ni contre les terroristes ni contre les civils, et rappelé que l'arsenal chimique de Damas avait été détruit sous le contrôle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.