Des milliers de Mexicains dans les rues contre Donald Trump (VIDEO)
- Avec AFP
Des dizaines de milliers de Mexicains manifestaient le 12 février pour dénoncer le projet du président américain Donald Trump de construire un mur à la frontière et pour appeler leur président, Enrique Pena Nieto, à plus de fermeté.
«Le Mexique, on le respecte, Mister Trump», pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête d'un cortège à Mexico, où 20 000 personnes ont défilé contre le 45e président des Etats-Unis.
Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont envahi la principale avenue de la capitale mexicaine à l'appel d'organisations civiles, d'entreprises et d'universités.
«Nous sommes ici pour que Trump voie et sente que tout un pays, uni, se lève contre lui et ses idioties xénophobes, discriminatoires et fascistes. Le Mexique ne sera pas son esclave», a assuré Julieta Rosas, une étudiante en littérature portant un tee-shirt représentant le président américain affublé d'une moustache à la Hitler.
Marcha anti-Trump #Mexicopic.twitter.com/Lw4RIBLTW8
— Cecilia Sánchez (@cecysanv) 12 février 2017
Erick Smith, Américain marié avec une Mexicaine, brandissait lui une pancarte sur laquelle on pouvait lire : «Sorry Mexico.»
«Je ne veux pas de ce mur, chaque fois que je viens en vacances au Mexique je me sens à la maison. Je suis venu dire que mon président me fait honte. Je suis venu dire "Je suis désolé" au Mexique», a-t-il confié.
México: se realizan marchas en contra de Trump y Peña Nieto https://t.co/pchr2gt4mf#RadarMundialpic.twitter.com/oFLCBoTgcM
— Ecuador Noticias (@EcuadorTuit) 13 février 2017
A Guadalajara, deuxième ville du pays, quelque 10 000 personnes ont manifesté, en majorité des étudiants. Les défilés ont été plus modestes dans le reste du Mexique.
Ce mouvement de protestation survient au moment où les Etats-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies.
Pena Nieto est «trop faible»
Une partie des manifestants ont fustigé le président mexicain, l'appelant à se montrer plus ferme face à son homologue américain.
«Pena Nieto, respecte-moi avec courage face à Trump», disait ainsi une pancarte du cortège à Mexico.
«Trump est un danger et Pena Nieto n'a pas été à la hauteur. Il ne nous a pas défendus ou il l'a fait de façon trop faible. Il ne s'est pas imposé», estime Hector Morales, commerçant de 50 ans venu manifester.
Naissante pendant la campagne du candidat républicain, la crise diplomatique entre Mexico et Washington a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de Donald Trump, le 20 janvier. Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale, et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé Enrique Pena Nieto à annuler sa visite à Washington prévue le 31 janvier 2017.
Thousands March Across Mexico to Protest Trump and Their Own President #economyhttps://t.co/eJHxQcEetPpic.twitter.com/RF9svY8rI3
— World Economic News (@WordLinkECON) 13 février 2017
Le président républicain veut également renégocier, voire abroger, l'Accord nord-américain de libre-échange, (Alena ou Nafta) trop favorable selon lui aux intérêts mexicains.
Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington le 8 février, se félicitant ensuite d'une «bonne première réunion [...] cordiale [...] respectueuse et [...] constructive» avec le nouveau secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson. Mais dans le pays, la colère persiste et ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola et à manifester son patriotisme, par exemple, en mettant le drapeau mexicain comme photo de profil sur internet, se sont multipliés.
Thousands march in Mexico against Trump via @POLITICO for iOS https://t.co/3smOaNqszJpic.twitter.com/TvvPkzBk29
— Donna Dubert (@DonnaDubert) 13 février 2017
La volonté affichée par l'administration Trump d'accélérer l'expulsion des immigrants illégaux inquiète aussi le gouvernement mexicain, qui a invité ses ressortissants vivant aux Etats-Unis à «prendre des précautions».
Il réagissait ainsi au renvoi au Mexique de Guadalupe Garcia de Rayos, une femme de 35 ans, mère de deux enfants nés aux Etats-Unis, le 9 février, au lendemain d'une visite de routine auprès des autorités migratoires à Phoenix, dans l'Arizona. Son cas a suscité des manifestations devant les bureaux de l'immigration, selon des médias américains.
Le président Pena Nieto s'est engagé à verser 50 millions de dollars aux consulats mexicains aux Etats-Unis afin d'apporter une aide juridique à ses concitoyens.