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«Les guerres n’ont pas diminué» : l'emblématique discours de Poutine à Munich résonne encore

Le 10 février 2007, Vladimir Poutine prononçait un discours liminaire à la Conférence de sécurité de Munich, en défiant l'establishment de l'après-guerre froide. RT fait un retour en arrière pour voir si ses idées d'il y a dix ans se sont vérifiées.

Le discours de Munich était critique envers le monde dans lequel les Etats-Unis prenaient des décisions unilatérales sur les problèmes mondiaux les plus importants, sans tenir compte des intérêts des autres nations, en particulier de celles non-alignées à la politique de Washington.

Vladimir Poutine a qualifié ce système d'intrinsèquement injuste, celui-ci faisant peser divers risques sur le monde, en comparaison avec l'option alternative selon laquelle les Etats-Unis devraient se conformer aux mêmes lois que le reste du monde et résoudre les conflits par la négociation plutôt que recourir à la force militaire.

«De même que n’importe quelle guerre, la guerre froide nous a laissé sur les bras, pour ainsi dire, des "obus non-explosés". Je pense aux stéréotypes idéologiques, aux doubles standards et autres clichés hérités de la mentalité des blocs.»

En 2016, les médias américains ont élevé leur rhétorique contre la Russie, allant jusqu'à l'accuser de crimes de guerre et d'avoir placé ses pions jusqu'au Bureau ovale.

«Les actions unilatérales, souvent illégitimes, n’ont réglé aucun problème. Bien plus, elles ont entraîné de nouvelles tragédies humaines et de nouveaux foyers de tension. Jugez par vous-mêmes : les guerres, les conflits locaux et régionaux n’ont pas diminué. Les victimes de ces conflits ne sont pas moins nombreuses, au contraire, elles sont bien plus nombreuses qu’auparavant !»

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Depuis 2007, les Etats-Unis continuent d'agir militairement en Afghanistan et en Irak, ont joué un rôle clé dans la dévastation de la Libye, contribuent actuellement à l’intervention saoudienne au Yémen et ont attaqué des troupes syriennes – selon eux, par erreur.

Mouammar Kadhafi versait des indemnités et investissait l’argent du pétrole dans les banques occidentales. Cela ne l'a pas sauvé d'une exécution sommaire par des insurgés soutenus par les Etats-Unis

«Dans les affaires internationales, on se heurte de plus en plus souvent au désir de régler tel ou tel problème en s’inspirant de ce qu’on appelle l’opportunité politique, fondée sur la conjoncture politique du moment. Evidemment, cela est très dangereux. Personne ne se sent plus en sécurité. Je tiens à le souligner, parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international. Evidemment, cette politique est le catalyseur de la course aux armements.»

Certains dirigeants ont essayé de la jouer fair play en espérant que tout se passe pour le mieux. Mouammar Kadhafi versait des indemnités et investissait l’argent du pétrole dans les banques occidentales. Cela ne l'a pas sauvé d'une exécution sommaire par des insurgés soutenus par les Etats-Unis. Ou Viktor Ianoukovitch, en Ukraine, qui a cédé à un coup d’Etat armé soutenu par les Etats-Unis et signé avec ses adversaires un accord de partage du pouvoir. L'affaire a été oubliée dès le lendemain et le président aurait tout juste échappé à une tentative d’assassinat, en fuyant vers la Russie.

«L’usage de la force n’est légitime que sur la base d’un mandat des Nations unies,» a dit Vladimir Poutine. «Il ne faut pas substituer l’OTAN et l’Union européenne à l’Organisation des Nations unies. Lorsque l’ONU réunira réellement les forces de la communauté internationale qui pourront réagir efficacement aux événements dans certains pays, lorsque nous nous débarrasserons du mépris du droit international, la situation pourra changer. Sinon, elle restera dans l’impasse et de lourdes erreurs seront répétées encore et encore.»

L'alliance l'a fait via une campagne de bombardements qui visait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un objet militaire

Le mandat de l'OTAN en Libye était censé protéger les civils des attaques aériennes. L'alliance l'a fait via une campagne de bombardements qui visait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un objet militaire. Apparemment, cela incluait également le plus jeune fils de Kadhafi et ses trois petits-enfants, tués par un missile censé tuer Kadhafi lui-même. Le Royaume-Uni et la France ont joué un rôle clé dans cette campagne.

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«Il est évident, je pense, que l’élargissement de l’OTAN n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance, ni avec la sécurité de l'Europe», a assuré Vladimir Poutine en 2007. «Au contraire, c’est un sérieux facteur de provocation, qui abaisse le niveau de confiance mutuelle. Nous sommes légitimement en droit de demander ouvertement contre qui cet élargissement est opéré. Que sont devenues les assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du Pacte de Varsovie ? Où sont ces assurances ? On les a oubliées.»

Au cours de la dernière décennie, l'OTAN a absorbé deux pays de plus, l’Albanie et la Croatie, et s'est rapprochée du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine et de la Géorgie. Le gouvernement ukrainien a déclaré qu'adhérer à l’OTAN était sa priorité. L’OTAN a déployé des troupes supplémentaires à la frontière de la Russie et a décidé d'implanter son système antimissile, que la Russie considère comme une menace à la sécurité nationale.

«Appelons donc les choses par leur nom», a expliqué Vladimir Poutine dans son discours de Munich. «Il s’avère qu’une main distribue les «aides caritatives», alors que l’autre entretient une certaine arriération économique, mais récolte aussi des bénéfices. La tension sociale surgissant de telles régions défavorisées se traduit inévitablement par la croissance du radicalisme et de l’extrémisme, tout en alimentant le terrorisme et les conflits locaux. Et si tout cela se produit de surcroît, par exemple au Proche-Orient, où il y a un sentiment croissant d'injustice envers le reste du monde, une déstabilisation globale risque de se produire.»

Le tristement célèbre groupe terroriste Etat islamique a réussi pendant un certain temps à créer un Etat plus ou moins viable en Irak et en Syrie. Leur succès a en grande partie été alimenté par une propagande qui accusait le vicieux Occident de l’aliénation et de la marginalisation des musulmans. Ce message attire non seulement des habitants désespérés de la région, mais également des musulmans des riches pays occidentaux.