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Echange téléphonique houleux entre Washington et Canberra sur un engagement d'Obama sur les migrants

Donald Trump se serait écharpé avec le Premier ministre australien Malcolm Turnbull lors d'un échange téléphonique le weekend dernier. L'enjeu ? Un accord sur l'accueil de migrants forgé avec Canberra par l'administration Obama.

Selon le Washington Post, le nouvel occupant de la Maison-Blanche a brutalement abrégé le 28 janvier, au bout de 25 minutes, un échange téléphonique avec le Premier ministre australien qui devait durer une heure. L'appel concernait l'accord conclu par l'administration Obama portant sur l'accueil aux Etats-Unis de plus d'un millier de réfugiés relégués par l'Australie dans des camps offshore controversés.

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Juste avant, il aurait, selon le quotidien américain, affirmé à Malcolm Turnbull que des quatre conversations téléphoniques qu'il avait eues ce jour-là avec des dirigeants étrangers, celle-là aurait été «de loin la pire».

Donald Trump aurait notamment affirmé selon le Post à Malcolm Turnbull qu'il allait «se faire tuer» sur le plan politique avec cet accord, et aurait accusé l'Australie de chercher à exporter «les prochains terroristes de Boston».

Des sources gouvernementales australiennes citées par l'Australian Broadcasting Corporation ont affirmé que l'article du Post était «correct en substance».

Malcolm Turnbull s'est de son côté dit «déçu» que les détails présumés de cette conversation «très franche et directe» aient été révélés.

«Mais je tiens à faire une observation : l'information selon laquelle le président m'aurait raccroché au nez n'est pas correcte», a déclaré le Premier ministre le 2 février à la radio 2GB. «La conversation s'est achevée de façon courtoise», a-t-il ajouté.

L'accord sera tout de même respecté par Washington

Après les révélations du Washington Post, Donald Trump a commenté cet accord dans un tweet : «Vous y croyez ? L'administration Obama a accepté de prendre des milliers d'immigrés illégaux à l'Australie. Pourquoi ? Je vais étudier cet accord stupide.»

Malgré ce commentaire, Malcolm Turnbull ne s'est pas démonté. «L'engagement qu'a pris le président pendant cette conversation est effectif et il a été confirmé par son porte-parole un jour ou deux après», a-t-il déclaré, confirmant ses propos du 30 janvier sur la prise en charge des migrants des camps de rétention de l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et de Nauru, minuscule île du Pacifique.

Le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer avait en effet confirmé le 31 janvier que l'accord serait maintenu.

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Nombreux étaient ceux qui craignaient que Donald Trump, qui vient de signer un décret interdisant temporairement aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane de fouler le sol américain, ne revienne sur cet accord.

Cet accord qualifié d'«exceptionnel» avait été annoncé en novembre par l'administration de Barack Obama. Il porte sur la réinstallation aux Etats-Unis d'un millier de migrants parqués par l'Australie dans des camps offshore. 

La question des réfugiés est éminemment controversée en Australie, pays qui mène une politique extrêmement dure à l'égard des étrangers tentant d'atteindre clandestinement son territoire.

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