Le Kosovo refuse l’entrée d’un train serbe sur son territoire : Belgrade menace de déployer l’armée
Après que les autorités de la république autoproclamée du Kosovo ont refusé l’accès à un train serbe décoré de symboles nationaux et portant l'annotation «le Kosovo est serbe», les relations entre Belgrade et le Kosovo en ont pâti.
Les relations entre la Serbie et la république autoproclamée du Kosovo ont connu une période de forte tension ces derniers temps. Un train de passagers est à l’origine de la récente escalade du conflit. Celui-ci est parti le 14 janvier de Belgrade avec pour objectif d'atteindre la ville kosovare de Kosovska Mitrovica, pour la première fois depuis 1999. La locomotive était peinte des couleurs du drapeau serbe et portait la mention «le Kosovo est serbe» en 21 langues. L’intérieur des voitures était recouvert de fresques représentant quatre sanctuaires serbes du Kosovo qui se trouvent sous la protection de l’Unesco. «C’est une sorte d’exposition mobile de notre héritage culturel», a déclaré Marko Jouric, chef du bureau gouvernemental serbe sur le Kosovo.
Mais le convoi n’a pas atteint son lieu de destination pour des raisons de sécurité et l’opposition des Albanais kosovars. La locomotive a stoppé en gare de Raska, dernier arrêt avant la frontière administrative entre la Serbie et le Kosovo.
Provocation ou geste de paix ?
Selon le président de la République autoproclamée du Kosovo, Hashim Thaci, ce train est «une provocation» : «Les autorités kosovares doivent prendre des mesures légales pour bloquer son mouvement.»
Après un arrêt de deux heures, la locomotive a fait demi-tour et est revenue à Belgrade.
La réaction des autorités serbes ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre Alexandre Vucic a déclaré que le Kosovo avait réagi trop vivement et que la Serbie ne souhaiter rien d'autre que la paix. «Nous avons envoyé un train, pas un char», a-t-il fait remarquer. Quant au président serbe, Tomislav Nikolic, il a tenu une réunion sur la sécurité nationale et a déclaré être prêt à déployer l’armée au besoin. «Si des Serbes sont tués, nous enverrons l’armée. Et pas seulement l’armée, nous viendrons tous, moi le premier… Tant que j'occuperai ce poste [de président serbe], j’essaierai de ne pas faire la guerre contre qui que ce soit, mais s’il est impossible de l’éviter, j’assumerai la responsabilité de chaque décision prise en tant que chef suprême des armées», a-t-il martelé.
Les Kosovars ont proclamé leur indépendance de manière unilatérale en 2008. Le pays n’est pas reconnu par 35 pays, dont la Russie, l’Espagne et le Saint-Siège. Mais la Serbie a perdu le contrôle du territoire du Kosovo en 1999, ayant été privée du droit d’y déployer son armée. Cela a été fixé dans l’accord de Kumanovo entre Belgrade et l’OTAN le 9 juin 1999, après les bombardements de la Serbie par les forces de l’Alliance. Par conséquent, l’armée serbe n’est pas autorisée à s’approcher à moins de cinq kilomètres de sa frontière avec le Kosovo. Le trafic ferroviaire a été rétabli il y a quelques années, mais le train de passagers parti de Belgrade est le premier de ce genre depuis 18 ans.