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Deux journalistes critiques de l’enquête sur le crash du MH17 arrêtés aux Pays-Bas

Deux journalistes néerlandais se sont rendus sur le lieu du crash du MH17, dans l’est de l’Ukraine. Ils affirment avoir retrouvé des fragments de l’avion et des restes humains, soulevant ainsi des questions sur l’enquête néerlandaise sur l'accident.

Les journalistes néerlandais Michel Spekkers et Stefan Beck se sont rendus dans l’est de l’Ukraine pour recueillir des informations de première main quant au regard que les habitants de cette région troublée portent sur Moscou et Kiev. «Notre principal objectif était de parler à des gens et de montrer ce qu’ils pensaient de la région et de leur vie», a confié Stefan Beck à RT.

Alors que Stefan Beck menait des interviews à Donetsk, Michel Spekkers s’est rendu sur le site du crash du vol MH17. Il a été surpris de trouver de «nombreuses choses toujours sur place», des habitants ayant stocké certaines d’entre elles dans des «hangars».

«Ces matériaux n’ont jamais été collectés et le parquet néerlandais affirme que la région est trop dangereuse pour y aller. Mais la ville de Donetsk est assez calme… Et [de toute manière] cet argument ne tient pas debout parce que la région où l’avion s’est écrasé est loin de Donetsk, alors il y a des inexactitudes dans ce que le parquet néerlandais affirme», estime Stefan Beck.

Michel Spekkers a aussi retrouvé de potentiels «restes humains», qu’il a emportés. Selon Stefan Beck, son collègue aurait agi ainsi pour éviter qu'ils ne se détériorent complètement.

Les journalistes n’ont pas fait secret de leur voyage : ils ont décrit sur Twitter leurs découvertes sur place et ont convenu de les transmettre aux autorités néerlandaises à leur retour. «Nous avons été prévenus par les autorités néerlandaises qu’elles voudraient voir le matériel que Michel Spekkers avait collecté sur le lieu du crash [...] Elles affirment bien sûr qu’il est légal de nous confisquer toutes ces choses, mais nous voulions dès le début les leur transmettre […] Il est très important que ces éléments de preuve soient montrés au public», poursuit Stefan Beck.

Les journalistes ont aussi emporté des fragments de l’avion, voulant montrer au public que de nombreux éléments de preuve se trouvaient toujours sur le site du crash et que les enquêteurs ne les avaient pas pris en compte. Mais cela ne les a pas empêchés pour autant de tirer des conclusions dans leur enquête. Cela témoigne du fait «qu’il y a eu une négligence sérieuse de la part du parquet néerlandais de ne pas [...] collecter plus d'éléments de preuve», s’insurge Stefan Beck.

Les deux journalistes ont été arrêtés par les autorités à leur arrivée aux Pays-Bas malgré leur bonne volonté de coopérer avec elles. Tous les éléments recueillis, ainsi que les ordinateurs, les téléphones portables et les cartes SD des appareils photo des journalistes ont été saisis par la police néerlandaise, précise Stefan Beck.

La justice néerlandaise a justifié cette confiscation par communiqué : «L’impression générale était que tous les objets liés à l’enquête ne seraient peut-être pas transmis volontairement.»

La confiscation de tout l’équipement suscite de sérieuses préoccupations chez les deux journalistes. «Pour moi, personnellement, les fragments de l’avion sont ma moindre inquiétude. Ce qui m’inquiète plus est qu’ils ont saisi nos ordinateurs portables, nos téléphones, nos caméras et nos cartes SD», déplore Stefan Beck.

Le problème, a-t-il précisé, c'est que certains témoignages recueillis par les journalistes ne devraient pas être exploités car leurs auteurs n'ont accepté de leur parler qu'à condition que leur anonymat soit garanti. Les journalistes craignent que ces documents puissent être transmis aux services secrets ukrainiens. «Nous nous inquiétons beaucoup du fait que certaines personnes que nous avons interviewées puissent être affectée lorsque le SBU [service de sécurité ukrainien] et les autorités ukrainiennes l’apprendront», a souligné Stefan Beck.

Les appareils confisqués sont toujours sous scellés grâce à l’intervention de l’Union des journalistes néerlandais, selon Stefan Beck. Cela signifie que les enquêteurs du crash MH17 ne peuvent pas encore les exploiter, mais cette situation peut changer si une cour le décide.

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Le Boeing 777 de Malaysia Airlines reliant Amsterdam et Kuala-Lumpur s’est écrasé le 17 juillet 2014 dans l’est de l’Ukraine. 298 personnes, dont 193 ressortissants néerlandais, sont décédés dans cette catastrophe. Une enquête sur le crash est menée par un groupe d’enquêteurs néerlandais, australiens, belges, malaisiens et ukrainiens dirigé par les Pays-Bas. Le 28 septembre, ses conclusions avaient été publiées : le MH17 a été abattu depuis une région contrôlée par les rebelles et par un système de missiles Buk, produit en Russie.

Les enquêteurs ont toutefois refusé de rendre publiques les preuves sur lesquelles ils s'appuient pour des raisons de sécurité. La firme russe Buk Almaz-Antey, a de son côté mené sa propre enquête et a transmis ses données aux enquêteurs, dont la plupart ont été ignorées. Selon Almaz-Antey, les radars russes n’ont pas repéré d’objet provenant des territoires contrôlés par les rebelles se déplaçant en direction du MH17.