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L'Allemagne veut renforcer sa sécurité et faciliter les expulsions après l'attentat de Berlin

Le ministre de l'Intérieur allemand, Thomas de Maizière, a annoncé un plan de restructuration de la sécurité nationale après l'attaque terroriste perpétrée en décembre sur un marché de Noël à Berlin. Ses mesures ne font pas l'unanimité.

Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Thomas de Maizière a détaillé, lundi 2 janvier, un ensemble de mesures qu'il considère essentielles pour «relever le défi qui se pose». Plusieurs d'entre elles prennent à rebours la ligne politique suivie jusqu'ici par la coalition au pouvoir, qui associe l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel et le Parti social-démocrate (SPD). 

La proposition de centraliser les compétences des services secrets est sans doute celle qui suscite le plus de remous. Jusqu'ici, le «Verfassungsschutz» était en partie décentralisé dans les différents Länder du pays. Thomas de Maizière souhaite désormais que le renseignement soit uniquement géré au niveau fédéral, «même s'il faut pour cela réformer la Constitution». Le ministre justifie cette mesure par le fait que «la coopération entre l'Etat et les Länder n'est pas optimale». Anis Amri, le terroriste de Berlin, était connu des services de renseignement, qui l'avaient identifié comme terroriste potentiel... avant de perdre sa trace. 

Autre mesure en réaction à l'attentat de Berlin : Thomas de Maizière propose de mieux organiser l'expulsion des demandeurs d'asile dont la requête a été rejetée. Le gouvernement allemand a en effet été la cible de vives critiques après les révélations par la presse qu'Anis Amri aurait dû être reconduit à la frontière à cause du refus de sa demande d'asile. «Nous devons mettre en place des centres gérés par l'Etat et destinés à préparer les expulsions dans des délais rapides de quelques jours ou quelques semaines», a annoncé le ministre.

Après des rumeurs de tentatives de piratage dirigées contre l'Allemagne, et notamment contre le Parlement, Thomas de Maizière a également affirmé qu'il voulait «une reprise en main par l'Etat fédéral des questions de cybersécurité», sans pour autant donner davantage de précisions à ce sujet.

Des propositions qui divisent l'exécutif

En Allemagne, où le fédéralisme est l'un des éléments les plus importants des institutions, de telles déclarations ont de quoi attirer les plus vives critiques. Outre la colère des Länder, vent debout contre la perte de prérogatives dont ils sont particulièrement jaloux, le ministre doit affronter la résistance du SPD. Le leader du parti, Sigmar Gabriel, a d'ores et déjà averti la CDU : «Nous ne devons pas mener la bataille contre le terrorisme islamiste sur l'unique front des renseignements ou de la police, mais également sur le terrain culturel.» 

A l'automne 2015, la CDU et le SPD s'était déjà déchirés sur la question des «zones de transit» pour les demandeurs d'asile refusés, la première y étant favorable et le second opposé. Le projet avait finalement été abandonné. Les négociations à venir entre les deux partis alliés, dont les points de désaccord se multiplient, s'annoncent donc d'autant plus difficiles que chacun entend se démarquer de l'autre à l'approche des élections législatives de l'automne.

Alors qu'Angela Merkel a d'ores et déjà annoncé qu'elle briguerait un quatrième mandat et peaufine sa candidature, sa politique d'accueil des réfugiés, de plus en plus impopulaire, a contribué à renforcer le parti Alternative für Deutschland (AfD), dont le programme anti-Union européenne et anti-immigration semble séduire un nombre sans cesse croissant d'électeurs.

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