Quand Barack Obama avertissait Poutine avec le «téléphone rouge»
Selon NBC News, le président des Etats-Unis a utilisé en octobre une ligne de communication réservée à l’origine aux risques nucléaires pour alerter son homologue à propos des soi-disant risques de «hackings» de la campagne américaine.
Il n’y a jamais vraiment eu de «téléphone rouge». Il y a eu des téléscripteurs, des fax et depuis 2008, un service d’échange d’e-mails sécurisé. Mais la ligne de communication d’urgence entre les Etats-Unis et l’URSS puis la Fédération de Russie a bien toujours eu comme objectif premier de prévenir une guerre nucléaire.
Pourtant, le 31 octobre 2016, c’est pour une tout autre raison que Barack Obama l’a utilisée pour joindre Vladimir Poutine. Plus questions de dangereux missiles balistiques pointés par l’ennemi, d'holocauste nucléaire ni même de Daesh ou de la Syrie. Non, le président américain voulait s’entretenir à propos des «hackers russes».
NBC révèle que le 31.10 la Maison Blanche a utilisé le téléphone rouge (!!!) pour mettre le Kremlin en garde sur le piratage dans l'élection
— Philippe Corbé (@PhilippeCorbe) 19 décembre 2016
Une situation inédite pour des accusations jamais prouvées
Au printemps dernier, des milliers de courriers électroniques montrant les dessous du Parti démocrate ont été dérobés par des pirates informatiques. Rendus publics par Wikileaks à partir du 7 octobre, ils ont notamment montré les liens entretenus par Hillary Clinton avec certaines puissances du Golfe ou de grandes banques d’affaires. Déclenchant une enquête du FBI, le scandale a empoisonné la campagne de la candidate Démocrate au point de contribuer à sa défaite selon elle.
Les «hackeurs russes», une stratégie de diversion pour oublier le contenu des mails de #Clintonhttps://t.co/SydtkTCZakpic.twitter.com/GMZFjmPDyq
— RT France (@RTenfrancais) 21 décembre 2016
Bien que de l’aveu même du procureur général des Etats-Unis il n’existe aucune preuve de l’origine de ces attaques, le gouvernement américain ainsi qu’Hillary Clinton ne se sont jamais privés d’accuser la Russie et Vladimir Poutine. C’est à ce propos que Barack Obama s’est personnellement entretenu sur le sujet avec le locataire du Kremlin lors du G20 de Hangzhou (Chine) des 4 et 5 septembre dernier.
Visiblement insatisfait des résultats de la conversation, le président américain a fait une nouvelle tentative. Mais cette-fois, le canal de communication était surprenant : «Le téléphone rouge».
La #MaisonBlanche se trompe de puissance étrangère à accuser... Ce lapsus est-il révélateur ? https://t.co/fqA6gxGlpupic.twitter.com/dNusS61nqf
— RT France (@RTenfrancais) 14 décembre 2016
Cette hotline reliant Washington et Moscou a été mise en place après la Crise des missiles de Cuba, moment paroxystique de la guerre froide lors duquel le monde s’est retrouvé à deux doigts d’une guerre nucléaire.
Afin d’éviter de flirter à nouveau avec le pire, les présidents John Fitzgerald Kennedy et Nikita Kroutchev se sont mis d’accord pour installer une ligne de communication directe et éviter les heures d’attentes nécessaires pour qu’un message atteigne l’autre partie.
Le système a été utilisé à plusieurs reprises ces dernières décennies notamment lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 ou celle de l’Irak par les Etats-unis en 2003.
Mais comme le rappelle NBC News, jamais un «cyber-incident» n’avait été discuté par ce canal de communication si particulier.
#BarackObama exige un rapport sur le #piratage, dont les résultats ne seraient pas rendus publics https://t.co/ttdOPyMNWMpic.twitter.com/TOgER7XYiG
— RT France (@RTenfrancais) 10 décembre 2016
C’est pourtant par le biais de ce service que Barack Obama a prévenu Poutine : «Les lois internationales, incluant la loi sur les conflits armés, s’appliquent aux actions entreprises dans l’espace numérique. Nous demandons à la Russie d’en tenir compte.» La menace est à peine déguisée.
L’administration Obama se montre très satisfaite de la démarche de son président. Selon elle, l’avertissement a fonctionné puisque qu’aucune interférence en provenance de Russie n’est venue gêner la journée d’élection du 8 novembre.