Exécution de civils à Alep selon l'ONU : «incroyablement difficile» à vérifier... selon l'ONU
La machine médiatique occidentale s'emballe. Toute information permettant de corroborer des massacres à Alep est d'abord reprise et, éventuellement, vérifiée. Même l'ONU relaie des informations qu'elle-même juge non confirmées. Alimentant les médias.
«Nous avons été informés que des forces pro-gouvernementales ont pénétré dans des habitations et tué les civils qui s'y trouvaient», a indiqué Rupert Colville lors d'une conférence de presse à Genève. Le porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies (ONU) aux droits de l'homme a indiqué que, selon ses informations, 11 femmes et 13 enfants figuraient au nombre des victimes, «probablement au cours des dernières 48 heures».
Seulement voilà, le porte-parole reconnaît aussitôt, et dans la foulée, que les informations dont ils dispose sont, selon ses propres termes, «incroyablement difficiles [à] vérifier», et d'ajouter : «Toutefois, elles ont été corroborées par de multiples sources dignes de foi».
Au total, toujours selon Rupert Colville, «au moins 82 civils», tués dans quatre quartiers d'Alep-Est dont celui de Boustane a-Qasr. Des quartiers reconquis par les troupes régulières syrienne précisément lors des dernières 48 heures, à mesure que les «rebelles» djihado-salafistes abandonnaient leurs positions.
#Syrie : l'envoyé spécial de l'ONU «horrifié» par les bombardements rebelles sur #Alep-Ouest https://t.co/NSdAnts6nOpic.twitter.com/PnyDb1YQI9
— RT France (@RTenfrancais) October 30, 2016
Des informations non-vérifiées, donc, comme le concède, par exemple, le quotidien britannique The Guardian, pour lequel la prudence reste de mise. Mais il n'en fallait pas plus pour que le Telegraph, lui s'affranchisse du conditionnel, et annonce la réunion en urgence du parlement britannique, titrant : «Les députés mis en demeure d'agir alors que les forces syriennes abattent des femmes et des enfants».
Des sources d'informations hostiles au «régime» syrien
Sur place, dans les quartiers que les rebelles tenaient, les informations reprises par les médias proviennent de sources telles que le controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), quand ce n'est pas Twitter. France info reprend ainsi en couverture, à l'appui du martyr d'Alep, des comptes, dont certains ont été pointés du doigt par la presse mainstream. Le Monde a ainsi épinglé le compte Twitter de la petite Bana Alabed, sept ans, vraisemblablement administré par ses parents.
#Syrie Témoignages d'Alep-Est : des habitants racontent "la fin du monde" https://t.co/V9EUYcrEJcpic.twitter.com/fs8bWSilir
— franceinfo (@franceinfo) 13 décembre 2016
La fillette, ou plutôt sa mère, racontent les combats à Alep, dans un anglais simple, et appellent à l'aide la communauté internationale. Ses tweets, un peu trop sophistiqués pour une fillette de sept ans selon le New York Times lui-même, sont malgré tout repris de façon virale par les internautes et les médias.
This is my reading place where I wanted to start reading Harry Potter but it's bombed. I will never forget. - Bana pic.twitter.com/6fXX2Me8ZB
— Bana Alabed (@AlabedBana) 29 novembre 2016
La petite Bana rejoint ainsi la longue liste d'enfants dont l'image est utilisée pour émouvoir l'opinion publique, à l'instar du petit Oumrane, mis en scène en août 2016.
La mise en scène pour que les médias @TF1@OuestFrance@afpfr@Francetele se régalent pic.twitter.com/dRhSQZztQY
— jfgino (@jfgino) 21 août 2016
Un autre compte mis en avant par France Info, celui d'un certain Mr.Alhamdo, lié à celui de la petite Bana Alabed, prévient ainsi que la reconquête d'Alep pourrait causer pas moins de 250 000 morts.
Literally speaking, If no one did something, 250000 people will be exterminated by bombing in #Aleppo
— @Mr.Alhamdo (@Mr_Alhamdo) 4 décembre 2016
not a tear after we are annihilated.
Quant à l'OSDH, dont les bilans sont repris systématiquement par les agences de presse comme Reuters, l'AFP, et dans la foulée par les médias, il est basé loin des combats à Londres et dirigé par un opposant au «régime» de Damas, un certain Rami Abdel Rahman, propriétaire d'un magasin de vêtements. Peut-être une des sources du porte-parole de l'ONU Rupert Colville.
L'OSDH, source contestée de la guerre en Syrie https://t.co/TWaAm67UEQ via @le_figaro
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 9 août 2016
Alexandre Keller