International

Boris Johnson estime que l'Arabie saoudite n'a «pas franchi la ligne rouge» au Yémen

Malgré les accusations contre la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite au Yémen, soupçonnée d'avoir à de nombreuses reprises violé le droit humanitaire, le Royaume-Uni n'entend pas désavouer son allié saoudien, ni cesser de lui vendre des armes.

«Pour l'instant, nous ne pensons pas qu'il y ait un risque démontré de violation des règles humanitaires». C'est par ces mots que le secrétaire d'Etat des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Boris Johnson, a affirmé à la BBC ce dimanche 4 décembre que la ligne rouge n'avait pas été franchie par l'Arabie Saoudite au Yémen, au regard de l'Etat britannique.

Pourtant, les accusations se multiplient. A la suite des nombreuses bavures et des nombreux décès causés par des bombardements de cibles civiles, la coalition militaire emmenée par l'Arabie saoudite au Yémen doit faire face à de très lourds soupçons : en janvier 2016, les Nations unies avaient estimé que plus d'une centaine de frappes aériennes de la coalition avaient violé le droit international. Le 15 octobre dernier, l'armée saoudienne, plaidant une erreur, avait admis avoir procédé à l'un des bombardements les plus meurtriers du conflit, qui avait pris pour cible des funérailles dans la ville de Sanaa et tué plus de 150 personnes.

En dépit des soupçons et des accusations, Boris Johnson a tenu à réaffirmer le soutien du Royaume-Uni à l'opération dirigée par les forces saoudiennes. «La Grande-Bretagne accompagne Riyad et fournit des conseils pour mieux cibler ses tirs», a-t-il ainsi déclaré.

En réponse aux propos de Boris Johnson, le directeur du contrôle des armes de l'ONG Amnesty International au Royaume-Uni, a déclaré : «Le secrétaire d'Etat britannique ignore la seule ligne rouge valable : celle qui sépare une approche responsable des ventes d'armes dans le respect du système de contrôle, et l'approche cavalière actuellement privilégiée par le Royaume-Uni, consistant à vendre de l'armement à l'Arabie Saoudite». Il a ajouté que toute arme vendue à l'Arabie saoudite accroîssait les risques de violations du droit humanitaire au Yémen.

Le Royaume-Uni figure en deuxième position du classement des pays vendant le plus d'armes à l'étranger, derrière les Etats-Unis. L'Arabie Saoudite, quant à elle, est la première cliente du Royaume-Uni : elle s’approvisionne notamment en missiles Brimstone auprès de son partenaire britannique. Après le bombardement meurtrier des funérailles à Sanaa, le gouvernement du Royaume-Uni avait pourtant émis l'hypothèse de revoir ses ventes d'armes à l'Arabie Saoudite.

On estime à 10 000 le nombre de civils ayant perdu la vie depuis le début du conflit yéménite en 2015. 83% de la population sont désormais en situation d'urgence et ont besoin d'une aide humanitaire.