Publié le 1er décembre, le nouveau programme de politique étrangère russe entre donc en vigueur et remplace le précédent, qui datait de 2013. «Des points de vue sur des principes fondamentaux, les directions prioritaires, les objectifs et les rôles de la politique étrangère russe», sont développés dans ce document de presque 40 pages.
Insistant sur le fait que la Russie poursuit une politique étrangère indépendante basée sur ses intérêts et le respect de la loi internationale, le document souligne que la politique de Moscou est «ouverte, prévisible» et formée par des siècles de rôle historique de la Russie dans le développement de la civilisation mondiale.
«La Russie est pleinement consciente de sa responsabilité dans le maintien de la sécurité dans le monde aux niveaux international et régional et cherche la coopération avec tous les Etats concernés, dans le but de résoudre les problématiques communes», lit-on dans le document.
Moscou appelle à «la création d’une grande coalition internationale antiterroriste basée sur un cadre juridique et une coopération effective et systématique des Etats». Ce programme proclame aussi qu'aucun deux poids deux mesures ne saurait nuire à une telle coalition et qu'aucun pays ne devrait manipuler des organisations terroristes pour poursuivre ses objectifs politiques, idéologiques et autres.
Le risque d’une guerre nucléaire est faible, mais le bouclier antimissile américain menace la sécurité nationale russe
Moscou se prononce pour la création de«zones libres d’armes nucléaires et d’autres types d’armes de destruction massive, surtout au Moyen-Orient», ajoutant que «la lutte contre le terrorisme national est une priorité clé de la sécurité nationale».
Le cadre politique et juridique pour la non-prolifération d’armes nucléaires et d’autres armes est une des clés pour éviter que ces armes ne puissent se retrouver entre les mains d'organisations terroristes.
La Russie tient ses obligations internationales en matière de contrôle des armements et attend la même chose de ses partenaires. Le développement du système de défense antimissile américain en Europe est par conséquent considéré comme «une menace pour la sécurité nationale» et Moscou se «réserve le droit de prendre des contre-mesures appropriées».
«Malgré le fait que la menace d’une guerre à grande échelle, et notamment une guerre nucléaire entre Etats, importants reste faible, le risque que de tels Etats puissent être impliqués dans une crise régionale ne fait que l'aggraver», met en garde le programme de politique étrangère russe.
Le dialogue russo-américain possible si les Etats-Unis abandonnent leur agenda «contraignant»
Selon le document, Washington et ses alliés poursuivent «un agenda contraignant» envers la Russie, ayant pour but «de faire pression» sur le pays au niveau politique et économique. Une telle politique, «mine la sécurité régionale et internationale». Cela nuit aux intérêts de long terme des deux parties et va à l’encontre de «la nécessité croissante de coopération».
La Russie se réserve donc le droit de «durcir» ses mesures en représailles aux «actions hostiles», notamment en matière de défense nationale.
«Moscou est intéressé par la construction de relations mutuellement avantageuses avec les Etats-Unis, au regard de la responsabilité des deux pays dans la stabilité internationale», souligne le document en ajoutant que les deux nations peuvent exploiter des opportunités considérables aussi bien dans le commerce, que dans les investissements ou le domaine scientifique.
Le développement du dialogue «est possible s’il se base sur un même pied d’égalité, un respect mutuel et une non-intervention dans les affaires de l’autre».
Concernant ses contacts avec l’OTAN, Moscou entend s’engager dans un partenariat équitable. La Russie voit d'un mauvais œil l’expansion de l’OTAN, dont les infrastructures militaires s’approchent des frontières russes. De telles actions sont perçues comme pouvant provoquer «les lignes de division en Europe».
En attendant, Moscou loue le rôle des Nations unies dans «le règlement des relations internationales et la coordination de la politique globale» estimant que rien ne peut remplacer l’organisation en ce XXIe siècle.
Les relations avec l’UE parmi les priorités de Moscou
Le renforcement de liens mutuellement avantageux avec les pays européens est l’une des priorités du nouveau programme de politique étrangère russe.
L’UE est un partenaire commercial et économique important, selon le document. Moscou considère l’Europe comme son associé en politique étrangère et cherche «une coopération stable» basée sur le respect mutuel. Les relations avec la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sont qualifiées d'«importantes» pour le Kremlin afin de promouvoir ses intérêts sur la scène internationale.
«Un objectif stratégique des relations avec l’UE est de former un espace humanitaire de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique» qui réunira et «harmonisera» le continent européen, affirme le programme.
«Le régime de visas reste l’un des barrières principales pour développer les contacts entre la Russie et l’UE. L’annulation progressive du régime de visas sur une base réciproque deviendra une impulsion puissante pour la coopération entre la Russie et l’UE dans les domaines économiques, humanitaires, culturels et éducatif», lit-on dans le texte.
La Russie renforcera ses liens avec l’Asie et sa présence dans l’Antarctique
Le programme mentionne également le développement des relations avec ses voisins orientaux. Un partenariat à «grande échelle», la coopération avec la Chine, ainsi que le renforcement du partenariat stratégique avec l’Inde, sont à l’ordre du jour.
Le Japon et d’autres pays de la région Asie-Pacifique sont mentionnés en tant que partenaires importants avec qui collaborer dans un avenir proche.
«La Russie poursuivra également son travail pour garder et élargir sa présence en Antarctique», affirme le programme, assurant que Moscou est ouvert au Canada pour y coopérer.
La position de la Russie sur la Syrie est aussi mentionnée dans le nouveau programme. Moscou se prononce pour «l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale» de ce pays du Moyen-Orient. Des représentants de tous les groupes ethniques et religieux doivent avoir des «droits et des opportunités égales», explique le document.
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