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«Chasser Assad du pouvoir» : Ankara revient sur ses propos après l'agacement de Moscou

Après avoir dit que la Turquie était en Syrie pour en finir avec Assad, Erdogan est revenu sur ses propos, martelant que la cible d'Ankara était l'EI. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont réglé le conflit en conférence de presse.

Après un dérapage verbal qui aurait pu troubler les relations entre Moscou et Ankara, la Turquie semble avoir définitivement fait marche arrière. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son ministre des Affaires étrangères Mevlut Çavusoglu sont en effet formels : la présence des forces turques en Syrie vise uniquement à combattre l'Etat islamique avec l'appui de la Russie qui reste un allié et non pas à chasser le président syrien Bachar el-Assad du pouvoir.  

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Erdogan assure finalement que la présence de la Turquie en Syrie vise exclusivement Daesh 

«La cible de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" n'est pas un pays ou une personne, ce sont les organisations terroristes», a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours devant des élus locaux à Ankara, alors que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se trouvait justement en Turquie.

«Que personne n'ait de doutes sur cette question que nous évoquons régulièrement. Que personne ne commente ce que nous disons d'une manière différente», a ajouté le président turc dans son discours retransmis à la télévision.

Le chef de l'Etat turc semble ainsi revenir sur des déclarations faites le 29 novembre dernier, dans lesquelles il avait affirmé que l'opération turque lancée en août dans le nord de la Syrie n'avait qu'un seul objectif : «Mettre fin au règne du tyran Assad».

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A la suite de ces propos, Moscou, qui épaule les forces du président syrien contre l'Etat islamique et les groupuscules de rebelles djihadistes, avait demandé des explications.

«C'est une déclaration très grave qui contredit en gros toutes ses déclarations précédentes», avait déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que Moscou espérait «quelques éclaircissements» à ce sujet de la part d'Ankara «dans les plus brefs délais».

La Syrie avait elle aussi dénoncé les déclarations du président turc, estimant qu'elles montraient clairement que la flagrante agression turque contre le territoire syrien n'était que le résultat des ambitions et des illusions de ce despote extrémiste, lire Recep Tayyip Erdogan.

L'opération turque en Syrie avait été lancée avec l'objectif affiché de chasser les djihadistes des régions proches de sa frontière, mais également et surtout, de stopper l'avancée des milices kurdes de Syrie.

Précédemment, le porte-parole du président russe Iouri Ouchakov avait déclaré que Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine s'étaient entretenus au téléphone pour discuter de ce sujet sensible et que le Premier ministre turc avait «donné des explications» à ses propos, sans préciser si ces dernières avaient été satisfaisantes. 

Ankara met de l'eau dans son vin

Depuis ce malentendu, Ankara semble donc faire marche arrière en redoublant de prudence. En effet, avant les déclarations d'Erdogan, le ministre de la Défense turc Mevlüt Cavusoglu avait déjà affirmé, lors de sa rencontre avec son homologue russe : «Bien que la Turquie considère Bachar el-Assad coupable de meurtres et d'exactions [...] Ankara reste un allié de Moscou et poursuivra sa politique en harmonie avec le Kremlin dans le but de parvenir à une résolution du conflit en Syrie tout en apportant toute l'aide humanitaire nécessaire au peuple syrien.»

Selon le ministre turc, le but poursuivi par la Turquie en Syrie est «la destruction de l'Etat islamique, de Jabhal al-Nusra, du groupuscule indépendantiste kurde du YPG ainsi que d'autres groupes terroristes».

Mevlut Cavusoglu a par ailleurs souligné qu'une solution politique était «indispensable pour assurer la résolution du conflit syrien et sauvegarder l'intégrité de la Syrie» car dans le cas contraire, même une fois libéré de Daesh, le pays pourrait devenir la proie de nouveaux groupuscules extrémistes tout aussi violents.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait approuvé les propos de Mevlüt Cavusoglu, confirmant que Moscou et Ankara poursuivaient les mêmes objectifs. Il a également noté qu'un partenariat solide entre la Russie et la Turquie pouvait réellement contribuer à la réalisation des objectifs prônés par la communauté internationale.

Sergueï Lavrov a cependant déploré un piétinement du processus politique en Syrie dû à un manque de médiation de la part de l'ONU, pourtant habilitée à mener ces négociations entre toutes les parties au conflit syrien, ajoutant que Moscou et Ankara ne comptaient pas attendre indéfiniment étant donné que le futur de la Syrie devait être géré par les Syriens.

Moscou s'étonne qu'Alep ne soit toujours pas ravitaillée

Hormis les discussions portant sur ce malentendu qui crée de nouvelles tensions dans les relations entre Ankara et Moscou, Sergueï Lavrov a également fait savoir que le Kremlin ne comprenait pas pourquoi l'ONU tardait tant à entreprendre des mesures concrètes pour acheminer l'aide humanitaire nécessaire dans les quartiers d'Alep libérés par les forces russes.

Un étonnement d'autant plus grand que durant toutes les semaines qu'a duré l'opération de libération d'Alep, Moscou a tout fait pour continuer à acheminer l'aide humanitaire nécessaire aux populations en détresse dans ces quartiers et ce, malgré les menaces constantes lancées par le dit Conseil national syrien (CNS) de bombarder les convois de ravitaillement.

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