Bachar el-Assad aux médias américains : «Un capitaine ne quitte pas son navire en cas de tempête»

Bachar el-Assad aux médias américains : «Un capitaine ne quitte pas son navire en cas de tempête» © SANA/Reuters Source: Reuters
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Pour la première fois depuis plusieurs mois, le président syrien s’est exprimé devant des médias occidentaux, qu’il a accusés de le diffamer tout en soutenant les terroristes. Il a aussi promis de quitter son poste qu'à la fin de son mandat.

Dans son entretien avec le New York Times et le New Yorker le 31 octobre à Damas, Bachar el-Assad a parlé de la Syrie et de son avenir personnel en tant que président du pays.         

Réfléchissant à ce que les médias traditionnels occidentaux qualifient de «criminel de guerre», attribuant au chef d’Etat syrien la mort de milliers de civils lors de la guerre civile, Bachar el-Assad a déclaré que le soutien que continue de lui apporter le peuple syrien depuis le début du conflit ne coïncidait absolument pas avec l’image de dictateur sanguinaire dépeinte par l’Occident.

«Supposons que ces allégations soient vraies et que je sois un président qui assassine son propre peuple tandis que l’Occident, qui s’autoqualifie de "monde libre", aide les Syriens à échapper au "méchant"… Dans ce cas, en tant que leader du pays, j’aurais perdu tout soutien de la population depuis très longtemps», a indiqué Bachar el-Assad.

«Comment pourrais-je être président si je tue mon peuple et que mon peuple est ligué contre moi ? Cela est totalement déconnecté de la réalité», a ajouté le président Assad, soulignant le manque d'attention des médias occidentaux à l'égard des atrocités commises par les factions terroristes en Syrie que, par ailleurs, personne ne qualifie de «crimes des guerre».  

     

«Toutes leurs Unes [des médias occidentaux] parlent du "méchant président qui tue les gentils combattants de la liberté"», a rappelé le chef de l'Etat syrien, dénonçant un tableau simpliste dressé par les médias sur le conflit.        

Bachar el-Assad a ajouté qu'il honorerait son septennat qui a commencé en 2014 après une victoire écrasante avec près de 90% des votes.

«Lorsque vous êtes capitaine d’un navire, en cas de tempête, vous ne vous jetez pas à l’eau pour fuir à la nage, vous amenez le navire vers le rivage», a déclaré le président syrien.     

Bachar el-Assad a fait valoir que beaucoup de ses opposants politiques s'étaient ralliés à lui dans les circonstances de la guerre, craignant que la Syrie ne soit démantelée et que les djihadistes ne prennent le pouvoir en cas d’effondrement de la structure politique du pays.

«Ils [les opposants politiques au parti Baas de Bachar el-Assad] ont appris la valeur de l'Etat», a déclaré le leader syrien, cité par le New York Times, ajoutant que ce n’était pas un changement soudain d’avis politique qui avait ramené l’opposition vers le dirigeant, mais la crainte d’un effondrement du pays et d'un chaos global en Syrie.     

Alors que les principaux médias occidentaux continuent d’imputer à Bachar el-Assad tous les crimes de guerre possibles, l’accusant de mener une campagne de bombardement à l’aveugle dans la partie orientale d’Alep, le président syrien a rétorqué en rappelant les violations du droit international commises par l'Occident, comme l'invasion de la Libye, toujours ébranlée par la guerre civile et actuellement au bord de l'effondrement économique.      

En réalité, tout ce que les Etats-Unis ont fait en Syrie depuis la création de la coalition internationale contre l’Etat islamique, c'est justement d’étendre l’influence de l’EI, le tout afin de renverser le gouvernement

«Ce n’est pas nous qui avons attaqué l'Irak sans mandat des Nations unies. Ce sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés. Ce n'est pas nous qui avons attaqué la Libye et détruit la structure gouvernementale du pays», a rappelé le président syrien, ajoutant que les puissances occidentales n'avaient pas le droit d'intervenir dans les affaires intérieures de pays indépendants pour la seule raison que leur structure politique ou leurs dirigeants ne leur convenait pas.       

«Même si vous avez affaire au pire gouvernement en Libye, ce n'est pas votre mission, que ce soit les Etats-Unis ou tout autre gouvernement, de changer la structure de pays étrangers», a-t-il souligné, ajoutant qu'une menace similaire pesait actuellement sur la Syrie où les Etats-Unis travaillaient à évincer le gouvernement plutôt qu’à combattre le terrorisme.

«En réalité, tout ce que les Etats-Unis ont fait en Syrie depuis la création de la coalition internationale contre l’Etat islamique, c'est justement d’étendre l’influence de l’EI, le tout afin de renverser le gouvernement», a-t-il maintenu.     

Bachar el-Assad a par ailleurs soutenu que pour un retour à la vie normale en Syrie, il fallait revenir aux principes laïques en vigueur dans le pays avant le conflit, tout en déracinant les idées de l'islam radical qui rejette toute autre vision du monde.       

«Un gouvernement laïc inclut la liberté de religion, l'islamisation, elle, signifie le rejet de tous ceux qui pensent et agissent différemment», a insisté le dirigeant syrien.

Le chef de l’Etat a également rappelé que le gouvernement syrien n'avait pas coupé tous ses liens avec l'Occident et qu'il entamait un dialogue avec certains pays occidentaux, y compris avec les Etats-Unis, «par différentes voies». Il a cependant souligné que la Syrie n'avait pas l'intention de se transformer en «pays marionnette» dont l’Occident tirerait les ficelles.     

John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, a réaffirmé la position de Washington sur le maintien du président syrien en insistant sur le fait que Bachar el-Assad ne devait pas faire partie de l’avenir à long terme de la Syrie, ajoutant que «rien n’avait changé» dans la vision de l'administration américaine sur la question.

Lire aussi : Assad : les Etats-Unis cherchent la domination du monde et mènent la guerre à ceux qui s'y opposent

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