Par ses choix, l’Occident s’expose à une «guerre froide» plus risquée encore, pour l’ex-chef du MI6

Par ses choix, l’Occident s’expose à une «guerre froide» plus risquée encore, pour l’ex-chef du MI6© Toby Melville Source: Reuters
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Les gouvernements occidentaux risquent de rentrer dans une ère «aussi dangereuse que la guerre froide» en raison du manque de relation stratégique entre les Etats-Unis et la Russie, estime John Sawers, ancien dirigeant du renseignement britannique.

Dans un entretien accordé le 12 octobre à la chaîne britannique BBC, Sir John Sawers, ancien patron du service des renseignements extérieurs de Grande-Bretagne, a évoqué sans détour le manque de stratégie de l’Occident à l’égard de puissances émergentes comme la Chine, et surtout, la Russie.

Nous entrons dans une ère qui est dangereuse, si pas plus dangereuse que la guerre froide

Il a ainsi déploré que l’Occident ne traitait pas la Russie et la Chine «comme des puissances majeures» qui pouvaient causer «d’importants dégâts», avant d’ajouter que ce qu’il importait à tout prix d’éviter, c’était «de s'engager sur une route menant à une confrontation directe».

En effet, selon Sawers, ce manque de stratégie fait courir un risque considérable aux gouvernements occidentaux. «Nous entrons dans une ère qui est dangereuse, si pas plus dangereuse que la guerre froide car nous ne nous concentrons pas sur [l’établissement d’]une relation stratégique entre Moscou et Washington», a-t-il mis en garde.

«No-fly zone» à Alep ? Un risque de confrontation directe entre Washington et Moscou

L’ancien dirigeant du renseignement britannique a ensuite rejeté les appels à mettre en place une zone d’exclusion aérienne à Alep en Syrie visant à empêcher les forces syriennes et russes d’y mener des frappes. Il estime en effet que la proposition comporte un risque majeur : «On ne peut pas avoir des forces de l’OTAN ou des forces américaines agissant dans le même théâtre que des forces russes sans risquer une confrontation très directe entre les deux.»

Il a par ailleurs déploré que la Grande-Bretagne ne soit pas intervenue en 2013, lorsque Washington avait accusé l’armée syrienne d’avoir utilisé des armes chimiques, une version vivement contestée par Damas : «Nous avons quitté le théâtre [syrien] et les Russes sont entrés. C’était certainement une erreur. Des armes chimiques étaient utilisées contre des civils à Damas par leur propre régime. Nous avions fixé un tabou [une ligne rouge] à propos de l’utilisation d’armes chimiques et nous ne sommes pas parvenus à le respecter à cette occasion.»

John Sawers tacle Boris Johnson et son appel à manifester contre la Russie

L’ex-patron du MI6 s’en est ensuite pris au ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, qui avait appelé à des manifestations devant l’ambassade russe à Londres pour protester contre le rôle joué en Syrie par Moscou.

«Nous nous rappelons tous de ce qui est arrivé à notre ambassade à Téhéran», qui avait été fermée en 2011 après avoir été saccagée par des militants iraniens, a indiqué Sawers avant de préciser : «Une attaque aussi violente contre l’ambassade britannique à Moscou est peu vraisemblable, mais nous devons être prudents quant aux conséquences des choses auxquelles nous appelons.»

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