Dounia Parc : comment ce qui devait devenir «le Parc Monceau» d'Alger est devenue un terrain vague
Au milieu des années 2000, le gouvernement Algérien souhaitait doter sa capitale d'un grand parc urbain, un projet plutôt ambitieux. Mais les difficultés financières de l'entreprise émiratie chargée de le mener à bien en ont eu raison.
Le 25 août dernier, le ministre algérien de l’Aménagement du territoire et du Tourisme, Abdelouahab Nouri, a lancé un véritable pavé dans la mare, en déplorant que 64 hectares du Dounia Parc d'Alger avaient été attribués illégalement et clandestinement. Sur un total de 96 attributions, 40 concerneraient des fast-foods ou des restaurants, selon le ministre algérien. «Quarante fast-foods, vous imaginez ! Ils n’ont pas de permis de construire et on leur a permis de lancer les travaux», a-t-il déclaré.
Cet épisode n'est qu'un énième soubresaut d'une histoire qui dure depuis près de 10 ans.
Un projet ambitieux signé entre le gouvernement algérien et un groupe émirati
Le plan d’aménagement du Dounia parc a été rendu public officiellement en septembre 2008 par le ministère algérien de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, principal porteur du projet, et le groupe Emirati International Investment Company (EIIC) qui a présenté ce projet sur maquette en 2007.
Ses promoteurs sont partis d'un double constat, environnemental et social : d'abord, Alger est l'une des capitales les moins vertes du monde. Par comparaison, la ville est dix fois moins verte que Rabat, au Maroc, et neuf fois moins que Tunis. De plus, les Algérois seraient trop repliés sur leurs propres quartiers : ce parc ambitionnait donc de rajouter de la verdure et du lien social dans une capitale qui en manquerait cruellement.
L'entreprise Emiratie était particulièrement ambitieuse. Selon le journal algérien El Watan, ce projet prévoyait de consacrer plus de 70% de la superficie globale au côté «parc» (aires de jeux, terrains de sport, jardins botaniques, forêts...) et 30% à construire, notamment, un parking de 8 000 places, 500 chambres d’hôtel, un amphithéâtre de 5 000 places, 13 000 logements de standing, des commerces, une tour de 47 étages et même... un hôpital !
La construction du nouveau parc au point mort
8 ans après, le média Tout Sur l'Algérie s'est rendu sur place et décrit, dans un article paru le 29 août, l'envers du décor. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on est loin de la mini-ville écologique que promettait le promoteur.
Le Dounia parc se résume aujourd'hui à de vastes terrains vagues, quelques chemins de terre et un lac artificiel, qui attend toujours ses premiers baigneurs.
Pourquoi le terrain prévu n'a-t-il jamais été aménagé ? Plusieurs raisons à cela, notamment liées à la société émiratie chargée de faire sortir le projet de terre. Après plusieurs crises internes au sein de la direction du groupe EIIC, la crise financière a fini par aggraver la situation économique de l'entreprise. Simultanément, le gouvernement algérien ne s'est jamais vraiment saisi du problème, délaissant peu à peu son ambitieux projet de parc.
Aujourd'hui, Dounia parc est une zone livrée à l'anarchie et à l'appétit gargantuesque des promoteurs immobiliers.