Faciliter les expulsions d'étrangers «représentant un danger pour la sécurité publique», interdiction du voile intégral dans les lieux publics, recrutement de 15 000 policiers supplémentaires d'ici à 2020, renforcement de la vidéosurveillance et des moyens de contrôle sur internet avec la création d'un centre de lutte contre la cybercriminalité, extension des autorisations d'écoute et d'enquête, interdiction du financement des mosquées par des organisations étrangères, abandon de la double nationalité... Deux semaines après les agressions djihadistes de Wurzburg et d'Ansbach, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière veut rassurer en tapant fort sur la table.
Lors d'une conférence de presse, le ministre allemand a proposé de déchoir de leur nationalité les djihadistes binationaux qui combattent à l'étranger. «Les Allemands qui participent aux combats à l'étranger pour une milice terroriste et qui possèdent une autre nationalité doivent à l'avenir perdre leur nationalité allemande», a-t-il affirmé devant les journalistes.
Selon un sondage publié le 7 août, 76% des Allemands craignent une nouvelle attaque mais 55 % d'entre eux considèrent que leur pays est suffisamment préparé pour faire face à la menace.
Selon le quotidien allemand Bild, outre les mesures visant l'islam radical, le ministre souhaite également faciliter les mesures pour anticiper les attaques commises par des forcenés : il exige ainsi un assouplissement du secret médical, pour que les médecins puissent informer à temps les autorités des crimes planifiés par leurs patients.
Discordance politique
L'abandon de la double nationalité, rendue possible en Allemagne depuis 2014, ne fait pas l'unanimité. La gauche a aussitôt dénoncé cette proposition et ses effets potentiels sur l'intégration. A un an des élections fédérales, Angela Merkel a elle aussi pris ses distances avec cette idée : «Il n'est pas question de revenir sur cette disposition», a commenté le 10 août, une porte-parole de la Chancellerie. Sous le feu des critiques de l'AfD, qui dénonce sa politique d'accueil des étrangers, Angela Merkel préfère l'immobilisme et ne pas toucher à son bilan analyse Le Figaro.
Alors qu'il doit valider et ratifier ces propositions, fin août, en signant la déclaration de Berlin avec les ministres de l'Intérieur des Länder du parti conservateur CDU et de sa branche bavaroise CSU, Thomas de Maizière semble lui aussi émettre quelques réserves sur ce programme antiterroriste musclé révèle le quotidien.
Si les propositions divisent, un fait demeure : c'est la première fois que l'Allemagne est visée en si peu de temps par autant d'attaques terroristes. Le 18 juillet, à Würzburg en Bavière, un afghan de 17 ans attaquait les passagers d'un train à la hache, faisant trois blessés avant d'être abattu. Le 24 juillet, toujours en Bavière, un réfugié syrien se faisait exploser à proximité d'un festival de musique. En combinant ces attentats avec les attaques de deux forcenés les 22 et 24 juillet, rien que pour ce mois, l'Allemagne a été touchée 4 fois et déplore 10 morts et 53 blessés.