«Le quai d'Orsay nous a fait savoir – comme l'année dernière – qu'il désapprouvait totalement notre initiative», a indiqué Thierry Mariani en introduction d'une conférence de presse à Moscou. C'est en effet la deuxième fois que Thierry Mariani se rend dans la péninsule de Crimée. Sa première visite, en juillet 2015, lui avait coûté son poste de vice-président du Parti populaire européen (PPE) à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
Mais le député note toutefois des signes d'assouplissement de la part du ministre français des Affaires étrangères : «Vous remarquerez toutefois que dans la forme, Monsieur Ayrault est peut-être plus modéré que Monsieur Fabius, puisque cette fois, on n'a pas eu de communiqué officiel», s'est félicité le député Les Républicains (LR), qui avec le sénateur Philippe Pozzo di Borgo (LR), est à la tête des élus français qui militent en faveur de la levée des sanctions contre la Russie. Il est en outre à l'origine d'une motion votée à l'Assemblée nationale sur cette question en avril dernier.
Une prise de conscience des élus en France quant à la pertinence des sanctions
Alors que les sanctions contre la Russie sont de plus en plus contestées en Europe, notamment en Belgique et dans certaines régions italiennes, comme la Lombardie, qui a adopté le 5 juillet dernier une résolution appelant Bruxelles à lever les sanctions et à reconnaître le droit à l’autodétermination des habitants de la Crimée, Thierry Mariani a estimé que «quelles que soient les déclarations officielles», il y avait «de plus en plus d'élus français qui se posent des questions et de bonnes questions».
«Le climat change petit à petit [...] Je pense que tout politique intelligent, s'il regarde la réalité, se rendra compte que ces sanctions n'ont plus aucun sens», a-t-il indiqué, regrettant toutefois la persistance d'une politique qu'il intitule de «doubles standards» mise en place par les dirigeants de l'Union européenne.
Une «rhétorique vicieuse» qui bloque la situation en Ukraine
Thierry Mariani s'en est ainsi vivement pris à «ceux qui disent qu'il faut lever les sanctions mais seulement quand l'accord de Minsk II sera appliqué. Or, aujourd'hui, on s'aperçoit que l'accord de 2015 ne l'est pas et ce en grande partie à cause des Ukrainiens», relevant par ailleurs que la responsabilité du cessez-le-feu convenu lors de la rencontre du Format normandie en férier 2015, incombait autant aux milices rebelles du Donbass qu'à l'armée régulière ukrainienne.
Aussi, le chef de cette délégation de députés français est resté pessimiste quand à la résolution de la situation en Ukraine, estimant que l'accord de Minsk avait «peu de chances d'être respecté, car pour cela il faut être deux et je pense que l'Ukraine n'a ni interêt ni volonté à le respecter», et l'intéressé de conclure : «Ou on lève les sanctions [contre la seule Russie] ou on sanctionne les deux, ai-je dit au Parlement français».
La question de la minorité tatare en Crimée instrumentalisée par l'UE
Concernant les Tatars de Crimée, le député s'en est pris aux dirigeant politiques : «Je trouve franchement que quand certains européens évoquent encore et encore ce problème, ils méritent la palme des faux-culs», a lancé le député LR.
«Quand je vois les droits qui ont été accordés [par les autorités russes] à la minorité tatare ces deux dernières années, je voudrais bien que les mêmes droits soient accordés aux minorités russes, par exemple, en Lettonie», a-t-il relevé, dénonçant une Union européenne qui «se moque complètement de certains citoyens».
Moins de sanctions et plus de coopération contre le terrorisme
Mais pour Thierry Mariani, «le vrai danger qui menace l'Europe et la Russie aujourd'hui, c'est le terrorisme et l'islamisme radical». Une menace commune qui, selon le député français, rend d'autant plus nécessaire le rapprochement et la coopération, notamment en matière de renseignement, entre l'Union européenne et la Russie. «L'intervention russe en Syrie a été déterminante mais nous devons coopérer plus en matière de renseignement», estime le représentant des Français de l'étranger qui ajoute qu'il est «nécessaire de mettre un terme aux sanctions» afin de créer un climat plus favorable.
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