L'Union européenne n'est plus d'humeur à négocier avec un pays qui a longtemps bénéficié d'une place sur mesure au sein de l'Union européenne (UE) : monnaie nationale, non-appartenance à l'espace Schengen et autres dérogations, dont bénéficiait le Royaume-Uni depuis son entrée dans l'Union.
Pour conserver le droit de commercer sans entrave avec ses voisins, Londres devra se plier aux conditions édictées par les 27. François Hollande a déclaré que Londres devrait désormais «contribuer financièrement» en échange de son accès au marché européen. Le président français a appelé à «éviter la dislocation» de l'UE, alors que les dirigeants européens entendent prévenir une contagion du Brexit.
La situation est très grave, mais nous croyons que les 27 peuvent la gérer
La chancelière allemande prenait ainsi acte de la magnitude de la crise que traverse l'UE, rappelant que les dirigeants européens étaient «décidés et déterminés à rester unis pour répondre aux défis». Mais au-delà, c'est un front uni que l'Union européenne oppose au Royaume-Uni, avec une rafale de prises de position intransigeantes.
C'est Jean-Claude Juncker qui a mis les pieds dans le plat et a lancé l'offensive après le départ du Premier ministre David Cameron de Bruxelles. Les Britanniques «ont pris la décision qu'ils ont prise, et ce matin, il semblerait qu'ils ne soient plus assis à cette table», a lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en arrivant à la première réunion des 27 post-Brexit. «Les dirigeants ont clairement dit que l'accès au marché unique nécessite d'accepter les quatre libertés [de l'Union européenne], y compris la liberté de mouvement», a martelé Donald Tusk, avant d'insister sur le fait qu'il n'y aurait «pas de marché unique à la carte».
Le président polonais du Conseil européen opposait ainsi une fin de non-recevoir à David Cameron, par ailleurs Premier ministre démissionnaire, qui demandait une «réforme de la libre circulation des personnes». Les Européens ne toléreront «aucune exception» à la règle a renchéri Jean-Claude Juncker, connu par ailleurs pour ses déclarations fracassantes et parfois même autoritaires.
Les indépendantistes écossais vent debout contre le Brexit
La carte du vote lors du référendum montre des clivages très nets : tandis que le pays profond a voté pour le Brexit, l'Ecosse – à l'instar de la région de Londres et de l'Irlande du Nord – a voté massivement pour rester dans l'UE. Mardi 28 juin, plusieurs centaines de manifestants s'étaient ainsi réunis devant le parlement d'Edimbourg pour protester contre le Brexit. La Première ministre écossaise, indépendantiste, avait martelé devant le parlement écossais : «je suis déterminée, complètement déterminée à préserver la relation et la place de l'Ecosse dans l'Union européenne». Selon un sondage pour le Sunday Times, 52% des Ecossais souhaiteraient que leur pays reste membre de l'Union européenne et se sépare du reste du Royaume-Uni.
Et les dirigeants européens semblent souffler sur les braises de l'indépendantisme écossais. Ainsi, alors que David Cameron quittait Bruxelles de son côté, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, également dirigeante du parti indépendantiste SNP, y arrivait pour évaluer les chances de l'Ecosse de rejoindre l'Union européenne. Après avoir rencontré le président du Parlement européen Martin Schultz, l'indépendantiste s'est entretenue avec Jean-Claude Juncker.
Mais les espoirs écossais semblent avoir été douchés par l'Espagne, préoccupée chez elle par l'indépendantisme catalan faisant valoir que les traités européens n'ont pour sujet que les Etats souverains. «Si le Royaume-Uni part, l'Ecosse partira aussi» a recadré le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.
Les 27 ont par ailleurs réaffirmé qu'ils refuseraient toute négociation tant que le gouvernement britannique n'aurait pas activé l'article 50 du Traité sur l'Union européenne qui permet à tout Etat membre de sortir de l'Union. Le Royaume-Uni est mis au pied du mur.
Alexandre Keller