«A l'heure actuelle, on ne doit pas aggraver la situation par le cliquetis des armes et une rhétorique guerrière. Celui qui pense que les parades militaires symboliques de chars à la frontière Est de l’OTAN favorisent le climat de sécurité, se trompe», a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, dans une interview accordée au journal Bild am Sonntag.
Il a aussi précisé que la concertation sur «l’aspect militaire» et sur la «politique de dissuasion» ne mènerait qu’à un «danger mortel» et à «une nouvelle confrontation».
«L’histoire montre qu’il faut être toujours prêt au dialogue et à la coopération. […] Les membres de l’OTAN doivent négocier le désarmement et la maîtrise des armes», a-t-il souligné.
De plus, le ministre des Affaires étrangères allemand a mis en évidence que l’alliance atlantique devait entamer de nouveau le dialogue avec la Russie plusieurs intérêts communs existent.
«La prévention de l’exploitation des bombes nucléaires en Iran, la lutte contre l’islam radical au Moyen-Orient, la stabilisation de la situation en Libye sont parmi les exemples les plus actuels», a-t-il conclu.
Depuis le début de l’année 2016, Frank-Walter Steinmeier souligne la nécessité d'entretenir de bonnes relations entre l’OTAN et la Russie. En mai, à l'issue de négociations avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie allemande a souligné qu’il faudrait rétablir les contacts car cela «serait conforme aux intérêts des deux parties».
Pour autant, les responsables de l’OTAN restent sourds. Depuis plusieurs années, la Russie appelle à ne pas poursuivre le renforcement de l’alliance en Europe de l'Est, expliquant que de tels mouvements pouvaient déstabiliser la région sur le plan sécuritaire. Mais l’OTAN ne cesse de mener des exercices militaires près des frontières russes sous prétexte du renfoncement des pays d’Europe de l’Est face à "l’agression russe"».
La prétendue agression russe serait illustrée par l’exemple de la Crimée, qui a fait sécession de l’Ukraine après le coup d’Etat de Kiev en 2014. La région, précédemment ukrainienne, avait voté en 2014 par référendum son rattachement à la Russie, ce qui avait été immédiatement qualifié par Kiev et ses alliés étrangers d’«annexion illégale» obtenue par la force militaire.
Moscou avait rejeté ce raisonnement, estimant que l’alliance profitait de la crise politique en Ukraine pour justifier son existence en jouant la carte habituelle de la menace russe.
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Ce mois de juin, l’alliance atlantique a entamé deux séries de manœuvres dans l’Est de l’Europe. Saber Strike a débuté en Lettonie, en Lituanie et en Estonie le 27 mai et se poursuivra jusqu'au 22 juin. Au total, 13 Etats membres y prennent part.
En parallèle, l’OTAN mène les manœuvres BALTOPS, qui réunissent plus de 6 000 militaires de 15 pays membres de l’alliance ainsi que des soldats suédois et finlandais pour une période allant du 3 au 19 juin. D’après les déclarations de leurs organisateurs, ces exercices maritimes ont pour but de préparer la défense de la région balte à de potentielles menaces.