Sarkozy à Saint-Pétersbourg : que l'OTAN s'attaque à la Russie est une régression intellectuelle

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L’ancien président français est arrivé dans «la Venise du nord» pour y participer au Forum économique international (SPIEF). D’après le programme, il intervient dans la section «Conversations avec des gens exceptionnels».

«Pour moi dans l’identité européenne, il y a  une nécessité de travail main dans la main avec la Russie. Je ne voudrais pas d'une nouvelle Guerre froide. Je n'en veux pas et je me battrai pour qu'il n’y ait pas de nouvelle Guerre froide», a commenté l’ancien président français en ouverture de son discours.

Sur l'OTAN 

Répondant à une question sur une confrontation militaire entre l’OTAN et la Russie, Nicolas Sarkozy a précisé qu’on n’était plus à l'époque de la Guerre froide . «L'OTAN n'a pas pour objectif d'aller combattre les Russes, c'est une régression intellectuelle. On a plus de choses auxquelles faire face.»

L’Europe et la Russie ont des adversaires communs : les djihadistes. «Il faut associer les Russes au bouclier antimissile de l'OTAN», a-t-il affirmé.

Nicolas Sarkozy a précisé que l’Europe et la Russie avaient des racines communeы et, au regard de questions démographiques, n’avaient pas le droit de s’affronter.

«Nous sommes en train de vivre sous l’explosion démographique du monde. Nous ne l’avons jamais connue. Il y a plus d'habitants sur la planète que jamais dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes sept milliards, dans 30 ans nous serons neufs milliards, en 2100 nous serons 11 milliards. Si vous additionnez l’Europe et la Russie, on doit être aux alentours de 640 millions. La Russie plus l’Europe, nous sommes moins de 10% de la planète. Pouvons-nous nous permettre de nous affronter, de nous déchirer ? On a les mêmes racines», a-t-il souligné.

Sur le Brexit 

Le sujet du Brexit ne pouvait être évité : «Jamais nous n'accepterons l'explosion de l'UE, comme des grands-parents. Sans l’UE on n’a pas de garantie de paix. [...] Nous devons refonder une Europe pour qu’elle protège, pour qu’elle soit plus indépendante, pour apaiser les relations avec la Russie». 

«On ne règlera pas la question syrienne sans la Russie», a-t-il précisé.

Sur les relations avec les Etats-Unis 

Concernant les relations avec les Etats-Unis, l’ancien président a déclaré que l’amitié ne devait pas signifier «être dépendant». «Je voudrais que la France soit indépendante du droit américain», a-t-il conclu.

«Je suis l'ami des Américains mais pardon, je ne peux pas accepter le fait que, parce qu'on utilise le dollar, on est soumis à la justice [américaine]», a-t-il poursuivi.

Sur les sanctions 

Les Européens doivent selon lui aller dans le sens d'une levée des sanctions mais les Russes doivent montrer la voie : «J'ai proposé au président Poutine qu'il lève des sanctions de son côté et, qu'en échange, Minsk 2 entre en application. Allez, mes amis russes, montrez le chemin levez les sanctions.»

Quelques minutes après, une journaliste russe du journal «Kommersant» a posé une question sur «les garanties» que la France pouvait apporter si la Russie levait des sanctions.

«Dans la vie on fait des choses parce qu’on y croit et pas parce qu’on a des garanties. Si la Russie fait un tel geste, on ne pourra pas l’ignorer. La question est : qui fait [preuve de] cette confiance le premier», a-t-il indiqué.

Sur l'Ukraine 

«Il faut changer le logiciel : nos peuples souffrent, votre peuple souffre, le peuple ukrainien souffre», a déclaré Nicolas Sacrozy en s’exprimant sur la situation en Ukraine. «L'Ukraine est un pont entre l'Europe et la Russie, si vous coupez le pont d'une de ses rives il n'a plus d'existence. Il faudrait que le minorité russe soit protégée en respect de la souveraineté de l’Etat de l’Ukraine, qui ne peut pas être négociable», a-t-il affirmé, précisant que le conflit entre la Russie et l’Ukraine était un sujet «familial».

Sur l’identité nationale


L’ancien président de la République a précisé que, à l’heure actuelle, les Européens avaient besoin de retrouver leur identité car,selon lui, «il n’y a pas de respect sans identité».

«L’Europe n’est pas chrétienne mais l’Europe a des racines chrétiennes ! Si vous ne savez pas d’où vous venez vous ne savez pas où aller», a-t-il mis en avant. «Je ne veux pas d’un monde avec une seule culture, un seul cinéma [...] Une montée invraisemblable des populismes en est le résultat», a conclu Nicolas Sarkozy.

La 20e édition du Forum débute le 16 juin à Saint-Pétersbourg et durera jusqu’au 18 juin. Les organisateurs ont prévu plus de 100 événements, dont des forums d'affaires de l'OCSE et des BRICS, un forum du G20 et un sommet pour les entreprises du secteur de l'énergie. Le président russe Vladimir Poutine interviendra lors de la principale session plénière du SPIEF, et l’ancien président de la République française a déjà participé à la section «Conversations avec des gens exceptionnels». Répondant aux questions des journalistes sur l'identité du futur président français, Nicolas Sarkozy a répondu par un trait d'esprit : «un autre.»

Nicolas Sarkozy est arrivé en Russie le 15 juin pour rencontrer, dans une ambiance informelle, le président russe qui l’a accueilli au palais Constantin, près de Saint-Pétersbourg. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il voulait «profiter de cette occasion pour évoquer un large éventail de questions».

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