Moscou : Kiev ne prend pas de mesures concrètes pour enquêter sur le massacre d’Odessa
Moscou a appelé la communauté internationale à faire pression sur les autorités ukrainiennes accusées par Moscou de ne pas prendre de «mesures concrètes» vers une enquête indépendante et impartiale du massacre à Odessa il y a un an.
«Nous exprimons l’inquiétude qu'en un an, le système judiciaire ukrainien n’a pas pris de mesures concrètes vers une enquête objective, indépendante et impartiale de ce crime horrible afin de traduire les responsables en justice», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans une déclaration.
Le 2 mai de l’année dernière, des extrémistes ukrainiens ont mis le feu à la maison des Syndicats à Odessa, faisant 48 morts et plus de 200 blessés parmi les militants anti-Kiev au sein du bâtiment.
A la suite de ces actes barbares d’intimidation, plusieurs dizaines de personnes, dont la seule faute était d’exprimer publiquement leur position citoyenne contre le coup d’Etat anticonstitutionnel en février 2014 et les actions des ultranationalistes radicaux, ont été tuées», lit-on dans la déclaration du ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou appelle la communauté internationale, y compris les organisations non-gouvernementales, à demander «de manière ferme et honnête» à Kiev de mener une enquête sincère du massacre à Odessa et de corriger des «lacunes flagrantes» dans le système judiciaire ukrainien.
Le ministère a souligné que la «négligence» et la passivité de Kiev concernant l’enquête des événements du 2 mai sont soutenues par la position de ses partenaires occidentaux et de certains médias mondiaux de grande envergure.
L’attention insignifiante prêtée au massacre d’Odessa dans les médias européens et américains est «une énième illustration de la guerre de l’information et de la manipulation des médias», souligne la déclaration.
Entretemps, les Etats-Unis ont aussi adressé à Kiev une demande de ne pas retarder l’enquête de l’incendie meurtrier.
«Nous réitérons la nécessité de mener une enquête rigoureuse et transparente pour que les responsables soient, en fin de compte, entendus en justice. Nous continuons à appeler les autorités ukrainiennes à enquêter et à inculper les coupables des événements à Odessa et de le faire le plus vite possible», a dit Marie Harf, la porte-parole du Département d’Etat jeudi.
Le 30 avril, le Conseil de l’Europe a annoncé que son Groupe consultatif international arrivera en Ukraine au début du mois de juin pour prendre part à l’enquête de la tragédie de l'année dernière à Odessa.
Les représentants du Conseil de l’Europe rencontreront les autorités de Kiev et d’Odessa avant d’élaborer une liste officielle de questions aux enquêteurs ukrainiens.
Le Conseil de l’Europe attend que le rapport sur l’enquête du massacre d’Odessa soit prêt vers l’automne.
Le 2 mai 2014, des citoyens refusant de reconnaître le gouvernement imposé par le coup d’Etat de février ont eu des altercations à Odessa avec des supporters et des extrémistes pro-ukrainiens, y compris les nationalistes du Secteur droit.
L’inaction de la police a permis aux radicaux de piéger les manifestants anti-Kiev au sein de la maison des Syndicats, qui a été mise à feu par des cocktails Molotov.
Les tuyaux d'incendie dans le bâtiment étaient en panne à ce moment-là, ses occupants se sont trouvés impuissants devant la progression du feu.
Certaines victimes sont mortes brûlées vives, d’autres ont été étouffés par la fumée ou se sont tués en sautant par les fenêtres du bâtiment. Parmi ceux qui ont sauté, nombreux sont ceux qui se sont fait étrangler ou tabasser à coups de batte de baseball. Encore 40 personnes ont été blessées, y compris 10 agents de police, un incident choquant peu couvert par les médias occidentaux. Un grand nombre de policiers anti-émeute étaient regroupés dans les environs mais sont restés passifs devant la flambée de violence.